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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Ago172025

3 Postscriptums 3 V.- À PROPOS DE CHATS ET DE PYRAMIDES

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V.- À PROPOS DE CHATS ET DE PYRAMIDES

  Continuons avec les mondes parallèles.

  La même chose peut arriver avec les pyramides sociales. Dans l’un des mondes, la partie d’en haut est occupée, disons, par des personnes à la peau claire, et dans la partie d’en bas il y a celles à la peau sombre. Dans un autre monde parallèle, c’est le contraire : celles de la partie supérieure sont de peau sombre et celles de la partie inférieure sont de peau claire.

  Vous pouvez tester les alternatives à votre guise : en haut les hommes, en bas les femmes ; en haut les caxlanes [ndt : mot d’origine tzotzile désignant les personnes non-indigènes], en bas les indigènes ; les hétéros en haut, LGBTQI+ en bas ; en haut les riches, en bas les pauvres ; les possesseurs en haut, les dépossédés en bas, et vice-versa. Vous pourrez ainsi ranger les différentes alternatives d’approches théoriques et de propositions politiques.

  Maintenant, si une personne de l’un des deux mondes se penche vers l’autre parallèle (et contraire contradictoire, j’ajoute), elle en conclura que dans ce monde la pyramide est inversée. Dans cet autre monde les indigènes sont en haut et les caxlanes en bas ; les femmes dominent les hommes ; les “frijoleros” [ndt. : mangeurs de haricots] discriminent les english ; les latinos conquièrent et soumettent les européens ; les LGBTQI+ tournent en dérision, attaquent et assassinent les hétéros ; les travailleurs exploitent les patrons ; les politiciens tiennent leurs promesses (ok, ok, ok, je doute que ce monde existe) ; les criminels sont punis et les innocents sont libres ; et cetera.

  Pour beaucoup de théories ou « sciences sociales », la pyramide de leur monde peut être « naturelle » et « humaine ». « Il est naturel qu’il existe des personnes qui aient des richesses et des personnes que ne les aient pas » ; « il est naturel que celles et ceux qui ont les savoirs commandent et que les ignorant·es obéissent » ; «  il est naturel que l’armée qui a le meilleur armement vainque l’armée plus faible » ; « il est naturel que les gens beaux commandent et que les moches obéissent » ; « il est naturel que l’homme domine la femme » ; «  il est naturel que les hétéros violentent les autrEs » ; « il est naturel que les caxlanes discriminent ceux d’autres races ». Bien sûr, vous pouvez donner des exemples qui contredisent cette « naturalité », mais je suis en train d’être simpliste.

  Autour de cette « naturalité » se construit non seulement un système politique, mais aussi une série d’« évidences » qui se manifestent dans le tout d’une société : dans la famille, à l’école, au travail, dans la richesse, la pauvreté, la délinquance, l’anormalité, la langue, la manière, la communication, la relation avec les autres et avec la nature,… et la militance.

  De cette manière se construit quelque chose comme l’« algorithme » de la société. Une série de croyances et de référents pour le bon et le mauvais, le beau et le moche, le masculin et le féminin, et ainsi de suite. « Évidences » renforcées par les médias et l’interaction sociale sur les réseaux et dans les espaces d’étude, de travail, de transport, de politique, d’activisme, de repos et de loisirs.

 

  Finalement, la vie, la mort… et la disparition. Car le système a créé un nouvel état d’existence des personnes : il y a des vivantes, il y a des mortes et il y a des disparues (ni vivantes ni mortes). Comme ça, pas besoin de Schrödinger et de son chat.

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  La pyramide inversée est la base des propositions des avant-gardes, des transformations, des évolutions et des révolutions. Sur la pyramide, en haut, il y a peu de personnes et, en bas, il y en a beaucoup, mais celles d’en haut possèdent beaucoup de richesses, et celles d’en bas, non. La proposition est de « retourner » la pyramide : que ceux qui n’ont pas de richesse et qui sont en bas, passent à la pointe de la pyramide, déplaçant vers le bas ceux qui détiennent les richesses.

  À première vue, l’inversion de la Pyramide, la retourner quoi, ça a l’air bien. Celles et ceux qui ont toujours été en bas, auront leur opportunité d’être en haut. Et celles et ceux qui sont en haut, devront supporter les conditions d’en bas.

  La question est que, comme ceux qui sont en bas sont nombreux, il sera difficile de prendre des décisions, alors apparaît la représentation, et pour ça, il y a l’avant-garde, le parti politique. Il arrivera que la pyramide ne soit pas « retournée », mais qu’elle soit reproduite avec une autre nomenclature : les bureaucraties devenues partis politiques bons, mauvais ou pires.

  En plus, bien sûr, du fait que les pouvoirs « alternes » (Capital et Crime Organisé) se maintiennent dans leur position, renouvelant leurs accords et relations avec la « nouvelle » partie supérieure de la pyramide.

  Les propositions politiques des différentes avant-gardes ont en commun la même offre : puisque ceux d’en haut possèdent et ceux d’en bas ne possèdent pas, alors ce qu’il faut faire, c’est retourner la pyramide.

  Pour cette « inversion » – en réalité c’est un relais de contremaîtres –, l’hologramme de l’« État Nation » est nécessaire. Si la justice, la sécurité, l’honnêteté et l’aptitude sont absentes, et bien il y a l’équipe sportive nationale qui, enveloppée dans le drapeau officiel, se jette dans le précipice de la réalité. Mais le « public » n’applaudit ni ne hue plus, maintenant il fait des mèmes.

  Dans ces tentatives de « démocratiser » le cynisme et la maladresse, les propositions politiques ont recours à la création d’ennemis virtuels. Elles dressent la peau sombre contre la peau claire, le libéral contre le conservateur, celui du milieu contre celui d’en bas et celui d’en haut, la périphérie contre le centre, l’originaire contre le métis, la femme contre l’homme, l’autrE contre l’hétéro, le jeune contre l’adulte, l’adulte contre l’ancien, le latino contre l’english, celui d’une nation contre celui d’une autre, celui de n’importe quelle partie du monde contre le gringo, le résident contre le migrant. Et vice-versa.

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  Le zapatisme attribue au système la capacité de destruction suffisante pour en finir avec une planète, un monde quoi, substituant une organisation sociale à une autre. D’ailleurs, le capitalisme naît d’une révolution. Ce ne sont pas les révolutions qui le préoccupent, mais il veut s’assurer que la même logique pyramidale continue : il y a qui commande et qui obéit.

  Maintenant, dans sa phase actuelle, le système est en train d’opérer une transformation. Mais cela ne signifie pas qu’il viendra à disparaître. C’est plutôt un réagencement, une adaptation aux nouvelles conditions de ce que certains appellent « système monde ».

  Si le capitalisme commence à peine à prendre conscience de la destruction irréversible qu’il a provoquée, cela n’a pas d’importance, ou peu importe, selon le cas. Mais, face à cela, il teste ou essaie plusieurs voies.

  L’une d’elles est de revenir au passé.

  Nous ne faisons pas seulement référence au processus d’accumulation primitive, où le système naît, grandit et se consolide par la spoliation au moyen de guerres (ce que les théoriciens et historiens ont tendance à oublier). Mais aussi à une sorte de saut en arrière impossible, ce qui signifie reconstruire le dit « État Providence » ou “Welfare State” (un Keynes du Bienestar, ressuscité [ndt. “Bienestar”, littéralement « Bien-être » mais aussi nom du ministère qui gère les programmes sociaux du gouvernement mexicain actuel, issu du parti Morena « Mouvement de Régénération Nationale » ayant impulsé la dite « Quatrième Transformation » ou « 4T »]). C’est-à-dire, un État tout aussi répressif et réactionnaire, mais teinté de justice sociale ou, si l’on veut, de programmes sociaux qui atténuent le fardeau de l’étage inférieur de la pyramide, de sa base. Mais la maudite réalité n’abandonne pas sa position réactionnaire et, tôt ou tard, elle casse les murs de cette pyramide. Ainsi, la « Régénération » se convertit en un recyclage de quatrième catégorie.

  Il y a aussi la tentative de « faire grossir » (ou « d’engraisser ») les classes moyennes qui, comme leur nom l’indique, se situeraient entre la partie la plus élevée de la pyramide et les fondations. Ces parties « moyennes » survivent en s’efforçant de monter plus de marches de la pyramide, tout en étant terrorisée que la base ne puisse pas supporter plus ou qu’on ne puisse pas contrôler son explosion ou qu’elle se rebelle et se révèle. Pour l’une et l’autre chose, elles ont recours au parti d’avant-garde. Pour contrôler, ralentir ou carrément mater les rébellions ; et pour grimper dans l’échelle sociale, au moyen de postes et d’avantages. Les ultras d’hier sont les fonctionnaires « réalistes » d’aujourd’hui. Les classes moyennes sont le vivier du Boss.

  Ça explique la panique de leurs porte-paroles face aux vitres cassées, aux débrayages, aux blocus, aux manifestations, aux grèves, aux occupations, aux cris, aux actions, et ces choses moches que font les sales, les moches et les méchants de l’histoire – qui n’apparaîtront pas dans les livres d’éducation élémentaire. Leur facilité à s’émouvoir des guerres « lointaines » ? Et bien c’est parce qu’ils croient que ça n’arrive que dans d’autres pyramides.

  Mais contrairement aux preuves journalistiques, aux articles d’opinion et aux analyses géopolitiques sensées, cela fait longtemps que le grand capital n’est plus national. C’est-à-dire, qu’il n’est pas lié à une géographie. Il a plutôt à voir avec sa place dans l’économie mondiale. Le grand capital, le Boss quoi, ne se demande pas que faire au Moyen-Orient, en Europe de l’Est, ou sous les différents drapeaux, les blasons officiels, les hymnes et les équipes sportives. Non, le grand capital se demande que faire et comment, mais sur toute la planète.

Le grand capital ne s’accorde pas encore, mais ses têtes pensantes prévoient que ce qui vient est déjà irrémédiable et il faut piller le plus possible. Et pour cela peu importe les organismes internationaux, les lois… ou les nations.

Les différentes droites, y compris le progressisme, se disputent les faveurs du grand capital. Comme deux frères, ils se disputent les caresses du Boss. Et ils utilisent ce qu’ils peuvent. Les uns et les autres s’accusent en poussant de petits cris hystériques : les uns avertissent de la venue du communisme ; leurs contraires, de la résurrection du fascisme. Les uns et les autres se proposent pour garder sous contrôle la base de la pyramide. Les uns par les coups. Les autres aussi.

  Mais les uns fanfaronnent pendant que les autres font mine de dire « ça, c’est l’héritage d’un passé qui ne reviendra pas » et, non sans grimaces de dégoût, jettent des aumônes à la base de la pyramide. Des aumônes qui se transfèrent au Crime Organisé par les extorsions des mêmes autorités qui contrôlent les programmes sociaux et les gèrent contre des votes.

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Pendant ce temps, un mot qui synthétise beaucoup de choses qui devraient faire honte à la partie supérieure de la pyramide, réitère sa vocation de vie libre : Palestine. Aujourd’hui, la Palestine définit le véritable objectif de la pyramide, la boîte mortelle promise pour les peuples du monde.

Il y a des mots silencieux qui marchent des séismes, qui naviguent des tempêtes, qui volent des ouragans. On ne les entend qu’à l’aube, quand dans la dorveille tout fait mal. Alors ils arrivent et leur murmure déchire la peau de la mémoire. Une cicatrice, encore sanglante, est ce qui reste. « Gaza » est un de ces mots, qui indigne, qui rebelle, qui révèle.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

Le Capitaine.
Juillet 2025

Images des préparatifs pour la « Rencontre des Résistances et Rébellions Quelques Parties du Tout » en août 2025, Terci@s Compas Zapatistes
Audio : musique de Residente, Amal Murkus. « Bajo los escombros » (« Sous les décombres ») et voix et paroles d’Eduardo Galeano « Las guerras mienten » (« Les guerres mentent »)

 

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