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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Ene032025

Sur le thème : La Tempête et le Jour d’Après. Huitième partie : Un autre jour après

Sur le thème : La Tempête et le Jour d’Après.

 

  Huitième partie : Un autre jour après

  Ouf ! Vous avez déjà surmonté la partie des présentations.

  À présent vous êtes en train de vous préparer pour réaliser le travail qu’on vous a confié. Il vous faut aller au potager / à la milpa / à l’atelier de mécanique / au dépôt de planches / à la cuisine / à la cantine / à l’auditorium en devenir / à l’école communautaire / et cetera / et cetera / j’ai déjà dit et cetera ?

  Vous vous préparez mentalement, vous inspirez et vous expirez (bien qu’il semble plutôt que vous soupirez). Vous êtes sur le point de demander où diable se trouve l’endroit, lorsqu’une jeune femme (vous calculez qu’elle doit avoir entre 19 et 20 ans), s’approche de vous et vous salue.

  Elle se présente en souriant : « Moi, je m’appelle Defensa et mon «nom de famille», c’est «Zapatista», toi, tu t’appelles comment ? » Vous hésitez avant de donner votre nom, et regrettez de n’avoir pu choisir un nom aussi suggestif que le sien.

  Elle continue de sourire et dit : « Je vais t’accompagner où tu dois aller. Je veillerai à ce qu’il ne t’arrive rien de mauvais. »

  Vous êtes déconcerté : « Rien de mauvais ? Comme quoi ? »

  La jeune femme : « Bah, parfois il y a des tiques, des tiques du mouton, des serpents, des scorpions ou des araignées. L’autre jour, le capitaine a été piqué par une araignée. «Violoniste» qu’ils l’appellent. Violoniste l’araignée, pas le capitaine. Celui-là, il ne joue de rien. »

  Vous ravalez votre salive. La fille, en vous prenant par la main pour vous mener là où il faut : « Je vais te montrer ce que tu dois faire et veillerai sur toi. » Et elle continue : « Nous savons que tu as de la valeur, et nous devons prendre soin de toi. Dans la communauté, déjà avant qu’il ne se passe tout ce qui s’est passé, nous savions et comprenions que les gens comme toi sont importants pour demain. »

  Vous sentez votre cœur se caraméliser et une poussière vous rentre dans l’œil, mais vous essayez de rester imperturbable. Comme le dit si bien votre gardienne : « Allez, allez… résistance et rébellion. »

  Tandis que vous franchissez une brèche, on entend un bruit d’oiseaux en pleine agitation. Évidemment, vous pensez qu’il s’agit d’une meute de serpents, de scorpions et d’araignées. Vous vous immobilisez. La jeune femme rit et vous explique :

  « C’est l’oiseau que nous appelons «Juanchío», parce que, quand il chante, il fait : «Juanchío, juanchío». Ça veut dire qu’il a le cœur content. Regarde-le, il est noir. Cet oiseau, nous l’aimons et le protégeons, parce qu’il est presque toujours en collectif. À plusieurs quoi. Et lorsqu’il voit un danger, il prévient. Il fait «pit, pit, pit». Mais comme ils sont plusieurs, ils font beaucoup de boucan. Et toujours plus fort, ils se rassemblent encore plus nombreux, et ils t’indiquent avec leur boucan où se trouve exactement la menace, ça dépend si c’est un serpent ou un chat-tigre. C’est-à-dire qu’il t’indique où se trouve exactement le mal. »

  Vous ravalez votre salive à nouveau et demandez : « Il y a aussi des chat-tigres ? »

  « Oui » répond-elle, « Je crois que vous l’appelez «tigrillo». Il est plus petit que le puma. »

  « P… p.. puma ? ! », vous bégayez et, en vous, vous maudissez le système, la tempête et le jour d’après.

  Elle continue : « Il prévient aussi les animaux plus petits lorsque rode l’épervier ou l’aigle ou le serpent. Collectivement, ils se relaient pour donner des coups de bec au méchant, pour laisser le temps aux petits de se mettre à l’abri. »

  Votre peau est devenue d’un blanc délavé lorsque vous lui demandez : « Et là, c’est un serpent, un chat-tigre ou un puma ? »

  « Aucun », dit-elle en riant. « C’est seulement de l’amour. Il y en a deux qui tombent amoureux, le mâle et la femelle, et il font plein de boucan et on dirait qu’ils se retrouvent à flotter dans l’air pour qu’on voit qu’ils sont très beaux. »

  Vous devez être encore en train de trembler, parce que la jeune fille vous précise : « Mais ne t’inquiète pas, ils se disputent et ils se fâchent aussi. Ils s’aiment quoi. »

-*-

  Plus tard, à la cantine, ceux qui portaient comme une malédiction, et maintenant comme une bénédiction, les arts et les sciences, s’assoient instinctivement ensemble. Chacun commence à raconter comment s’est passé sa première journée en tant que partie du tout qu’ici on appelle « communauté ».

  Quand vient votre tour, et que vous commencez avec le nom de votre gardienne, quelqu’un d’autre se souvient que la sienne s’appelle «Esperanza Zapatista». Et ajoute : « Et l’espérance, de nos jours, est toujours appréciée ».

  Quelqu’un des sciences appliquées vous interrompt : « Vous avez eu de la chance. Ma gardienne à moi s’est présentée avec le nom pas du tout rassurant de «Calamidad Zapatista». Je ne sais pas, mais je ne me sens pas très tranquille. J’ai le pressentiment que quelque chose de mauvais peut arriver. »

  Les éclats de rire résonnent dans le hangar déglingué qui sert de cantine et qui porte, à l’entrée et pour la nommer, un panneau décrétant : « Aux repas, pas un pas en arrière possible ! (Si tu dois te doucher, mieux vaut bien y réfléchir) ».

-*-

 

  P.S. QUI INTERROMPT ET OÙ LE CAPITAINE EXPLIQUE QUE OUI MAIS NON (le mystérieux cas du violon perdu). – Oui, j’ai été piqué par une araignée de celles qu’on appelle «violoniste». J’ai fait ce que n’importe quel mâle hétéro, cultivé et bien informé aurait fait. C’est-à-dire que j’ai pris un de ces boîtiers à chocs électriques (que l’on voyait avant dans les parcs, les fêtes foraines de villages, les kermesses et les bars – et je ne sais pas s’il en existe encore –), et je me suis auto-prescrit une décharge à bloc. 120 volts, plus forts que n’importe quel café noir bien serré.

  J’ai attendu patiemment, mais non. Ma maladresse légendaire, rodée par des dizaines d’années de pratique consciente, continuait. J’ai voulu voir si je pouvais marcher sur les murs, mais les petits chiens ne faisaient que me regarder et, pensant qu’il s’agissait d’une danse à la mode pour TikTok, essayaient d’imiter mes mouvements. En résumé : je ne me suis pas transformé. Je vais devoir continuer d’être un super héros sans super pouvoirs. Ça oui, l’araignée est morte empoisonnée. Quoi ? Vous pensez que je dois m’inquiéter ? Je crois qu’il n’y a pas eu assez de voltage… Moralité : ne croyez pas Peter Parker. Si vous voyez une araignée, ne paniquez pas. Seulement, courez pour sauver votre peau.

 

-*-

  Peu de temps après est arrivé celui qui s’est présenté comme « Chef Suprême de la Prévention sanitaire, Vaccination, Lave ta main, Nécropsies et Annexes, Certificats de décès et autres ». Est-il nécessaire de préciser que le sujet en question ressemblait extraordinairement à un scarabée ?

  Il est entré dans la cabane, il a balayé la pièce d’un regard rapide et a dit : « Je viens voir la victime. » Bien que méfiant à cause de l’aspect de ce «chef et cetera», j’ai retroussé la manche de ma chemise et j’ai attendu qu’il me mette le tensiomètre. Lui : « Non, pas vous. J’ai dit la victime, c’est-à-dire l’araignée ». Étonné, je lui ai montré le recoin où gisait le cadavre de la dorénavant martyre. Le scarabée vêtu d’une blouse de médecin s’est approché et l’a analysée minutieusement. Quand il a été satisfait, il a déclaré : « Pas de doute, elle est morte d’une overdose de nicotine. »

  Puis, d’un air inquisiteur, il a ajouté : « Fumez-vous beaucoup ? ». Moi : « Parfois, un peu, très occasionnellement, quoique toujours oui un peu beaucoup. » « Ah ah », a dit le médecin légiste. « J’ai bien peur, cher ami à gros nez, que vous ayez commis un délit. Deux délits pour être plus précis. » « Moi ? Pourquoi ? C’est elle qui a commencé, elle m’a piqué sans même prévenir. » Le sujet a sorti un calepin d’allez savoir où, et tout en y écrivant, a ajouté : « Homicide par transfusion en degré pervers. Oh, c’est grave ça, vous êtes dans le pétrin. » J’ai essayé de protester : « Mais, Durito… » Lui : « Pas de Durito qui tienne, vous devez vous adresser à moi comme «Votre Éminence». Et l’autre délit c’est… mmmh… mmmh… Vol d’instrument artistique ! » Moi, complètement déconcerté : « Mais je n’ai rien volé ! », et l’arthropode procureur : « Ne s’agit-il pas d’une araignée violoniste ? » « Si, c’est ainsi qu’on les appelle », ai-je balbutié. « Ergo, où est le violon ? »

-*-

  J’ai cherché le violon partout et rien. J’étais en train de me dire que j’avais peut-être besoin d’un avocat, quand est apparu le même personnage, mais cette fois avec une toge et une toque. Il entre d’un pas solennel, et me tend une carte sur laquelle on peut lire « Cabinet Juridique Dur mais Dense, président, principal actionnaire et membre unique : Don Durito, procureur, juge, avocat et bourreau des causes perdues. Nous proposons le service à domicile avec application numérique – le service Premium inclut des remises pour le séjour dans «L’enfer si craint de tous» –. Prix modiques. Seulement en euros, dollars canadiens et yuans. »

  Je crois que je suis perdu… Envoyez du tabac les copains ! Quelle histoire, dites-donc !

Moralité 2. – Ne fumez pas. En plus de mettre votre santé en danger, vous risquez votre liberté.

Depuis le toit de la cabane, tout en préparant mon meilleur saut dans le vide.

Le Capitaine.

Novembre 2024.

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