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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Sep122024

L’ALEPH MAYA ?

L’ALEPH MAYA ?

Août 2024.

            Le nuage de poussière qu’ils soulevaient pouvait se voir de loin. Comme ces tornades où le vent se poursuit lui-même et, incapable d’y parvenir, rafle tout ce qu’il trouve, le soulève vers les nuages et le jette à nouveau au sol.

            « La tempête », pensai-je. « Ou quelque chose de pire », pensai-je à nouveau. « Quelque chose de pire ? », me demandai-je.

            « Et s’il s’agissait simplement du triple T, la terreur qui a fait paraître les combats de catch de la WWE comme s’ils étaient arrangés à l’avance (oh ! ils le sont ? Je vous le dis, il n’y a plus de valeurs), le… Commando Palomitas ! » (pour qui ne connaîtrait pas le Commando Palomitas, il est composé de la Véronica, la Cintia et le Chuy, qui ont 7 ans maintenant ; Amado le bien-aimé et le Chinto qui ont maintenant 12 ans).

            Et justement, comme répondant à un sort diabolique…

            La première qui apparut fut la Véronica, qui, après avoir scruté la cahute toute entière d’un seul coup d’œil en mode panoramique à faire pâlir l’IOs 77.7, prévint les autres « il n’y a pas de biscuits ». C’est ainsi que, déjà découragés et ayant perdu l’élan initial, entrèrent le Chinto, la Cintia, le Chuy et Amado le bien-aimé. Ils étaient suivis par leur escorte formée de petits chiens qui peuplent les positions zapatistes. Ah, et de plusieurs chats, y compris le chat roux.

            Le silence gênant produit par le manque de biscuits fut rompu par Amado le bien-aimé qui, en mentant, dit : « Peu importe les biscuits, raconte-nous une histoire ».

            Sans attendre que je donne mon accord, le Commando Palomitas prit des positions stratégiques dans la cahute, avec une tactique digne du meilleur commando terroriste ou anti-terroriste – c’est la même chose –.

            Acculé et me voyant dépassé en nombre et en puissance de feu (bon, il s’agissait en réalité de puissance d’eau, la Véronica et la Cintia avaient les pistolets, des jouets que, malheureusement, je leur avais donné cela fait un petit temps), je n’eus pas d’autres options. Je commençai donc avec…

L’histoire du lieu qui rassemble tous les lieux

            « Ce fut avant que les tout premiers dieux, ceux qui ont fait naître le monde, n’apparaissent. C’est ce que raconte Ixmucané, celle qui était là quand il n’y avait encore personne. Elle raconte qu’il y avait, il y a très longtemps, un lieu où se trouvaient tous les lieux. Tout en un même lieu et en même temps. Et dans ce lieu de tous les lieux, tout était et, en même temps, n’était pas. En d’autres termes, le lieu était tous les lieux, mais chaque lieu n’était pas individuel. Chaque lieu avait sa façon, il était différent, distinct, très autre. Mais en même temps, il faisait partie de tout le lieu.

            Tout était terrible et merveilleux. Chaque partie était le tout et était elle-même sans perdre son individualité et sa collectivité. Et tout cela fut gâché par la faute des tout premiers dieux, ceux qui ont fait naître le monde, parce que, petits mâles après tout, ils commencèrent à se battre pour savoir qui était le plus et qui était le meilleur.

            De là naquirent les Olympiades, les sponsors et les publicités d’apologie du crime de Nike – qui pourraient être le slogan d’un Cartel, d’une organisation terroriste ou idem d’un Etat, ou conçues par le directeur de campagne de Trump –. Parce que pour ces publicités, deux choses sont nécessaires : un criminel qui les conçoive et un groupe de victimes qui dise : « Quelles bonnes publicités ! »

            Le regard collectif de reproche du triple T Commando Palomitas me rappela à la raison. Je compris que j’étais en train de m’éloigner du sujet. Je tirai une taffe sur la pipe cassée et repris le récit :

            « C’est-à-dire que les parties ne concourraient pas pour qui était le plus ou qui était le meilleur. Mais les tout premiers dieux mâles, ceux qui ont fait naître le monde, et bien c’était des hommes. Ils commencèrent donc à rivaliser. Et chacun prit, comme on dit, sa part. Et chacun commença à faire en sorte qu’elle soit plus et meilleure que celle des autres. Et commencèrent les médisances et les regards de travers. « T’as vu que cette partie là-bas, elle est, j’sais pas, comme très obscure et très double », médisaient certains. « Et cette autre, elle est si pâle et si maigre qu’on dirait qu’elle a pas bu son pozol (1) », murmuraient d’autres. « Et ça là-bas, clairement on ne sait pas ce que c’est », s’accordèrent d’autres. Et ça n’en resta pas là, les plus forts attaquèrent les plus faibles. Et alors, il y en eut qui avaient plus et d’autres qui avaient moins. Et on oublia que celles qui avaient plus, c’était parce qu’elles avaient pris aux autres. »

            Le problème c’est qu’ils commencèrent à se diviser et à se battre entre eux, devant le désespoir d’Ixmucané qui faisait son possible pour que cessent les bagarres.

            Ce fut inutile.

            Et donc les hommes et les femmes et les autres que créèrent les tout premiers dieux, ceux qui ont fait naître le monde, sont arrivés avec ce défaut. Autrement dit, iels veulent rivaliser pour savoir qui est le plus et qui est le meilleur.

            Mais Ixmucané réussit à sauver quelque chose, et elle sema dans tous les êtres vivants le souvenir de ce lieu avec tous les lieux. Mais elle ne réussit pas à bien semer la graine et elle resta enterrée très profond dans l’âme de chaque être vivant.

            C’est pourquoi les petits naissent avec le souvenir de ce lieu avec tous les lieux. C’est pour cela que c’est le premier cri, le plus douloureux, celui qui provoque l’absence. Et c’est quand ils grandissent qu’ils oublient peu à peu cette merveille, ensevelie par les années, les coups et les chutes, qu’on appelle la vie.

            Et c’est comme ça que naquirent les réseaux sociaux. Tadam. »

            Le Chuy interrompt : « Mais Capitaine Sup, il y avait vraiment des portables en ce temps-là ? »

            « C’est un conte, bêta », lui précise la Véronica avec une calotte.

            Le Chuy renvoya la calotte à la Cintia. La Véronica, dans ce qu’on appelle sororité, s’élança pour défendre Cintia. Amado le bien-aimé et le Chinto essayaient d’arrêter la bagarre, mais la Véronica était déjà en mode « tzotz » (2) (attaque 100, dégâts 100, conséquences 0) et mordait la cheville du Chuy. La Cintia voulut démontrer son courage et mordit aussi, mais le bras du Chinto (attaque 100, dégâts -1). Amado le bien-aimé voulut repousser la Véronica et il prit un coup de pied du Chuy, qui était en mode « diable de Tasmanie » (attaque 100, dégâts 100 mais, répartis entre les présents, 20 – parce qu’il se donna lui-même un coup de pied –).

            L’escorte de canins et de félins contemplait la scène avec un regard réprobateur, comme pour dire « Ils ont l’air de chiens et de chats ».

            C’est ainsi qu’a éclaté le chaos. Et à ce moment terrible et merveilleux, toutes les bagarres infantiles convergèrent en un instant. Toutes les bagarres n’était qu’une seule bagarre, et en même temps, chaque bagarre était particulière. Imaginez qu’une tornade naisse dans un espace de 3 mètres par 4 avec un toit en tôle et des murs mi-parpaing, mi-planches.

            Mais à ce moment-là, quelque chose arriva : à la porte de la cahute apparut un agent de liaison et il déclara : « Le SubMoy demande si quelqu’un va vouloir des glaces parce que le vendeur ambulant est au Puy. »

            Les membres du Commando Palomitas sortirent en horde, montèrent avec habileté sur leurs bicyclettes respectives, et se dirigèrent vers le Puy. Derrière eux sortit l’escorte canino-féline. Ils partirent tous.

            Bon, pas tous. Assis et me regardant avec complicité, le Tragón (3) était là. Alors, donc, je sortis les biscuits interdits.

            Tandis que je m’entretenais avec le Tragón, nous échangions des biscuits et des réflexions sur l’Aleph borgésien de cette manière :

            « Avant de naître, nous connaissons l’Aleph borgésien. Dès la première bouffée de cet air raréfié que nous appelons “vie“, nous commençons à oublier. Si on s’accroche tant à l’enfance, c’est parce qu’on sent que quelque chose de terrible et de merveilleux l’a précédée. L’oubli méthodique du vertige de nombreux mondes vivant ensemble en un seul est l’origine de l’intolérance, du racisme, du mépris… et des réseaux sociaux.

            Par conséquent : prenez soin de l’enfance, c’est le plus proche que vous serez de l’Aleph. Et prenez soin de la vieillesse, c’est le plus proche que vous serez de la compréhension de l’inutilité de cet oubli appelé vie. Votre apparente distraction, vos oublis, ne sont rien de plus que l’intuition d’un souvenir d’avant la mémoire. L’Aleph Maya est la confirmation de la plus implacable des sentences : en tant qu’ individus isolés, nous sommes tout-à-fait superflus, mais en tant que partie d’un tout, nous sommes nécessaires. »

            Le Tragón abandonna le débat quand se terminèrent les biscuits et il partit poursuivre une carriole de glaces et de sorbets.

            Conclusion : je suis un incompris.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain,

Le Capitaine,
Août 2024.

P.S. – Ah ! Ils sont si prévisibles. Il a suffi de quelques lignes dans un post-scriptum pour les rendre hystériques. Même en ça ils sont pareils. Et alors qu’on « recommence » à peine. En attendant, avec leur réaction, ils ont « ramené » de nombreux regards vers ici. Dommage qu’ils s’en aillent déjà, ils vont nous manquer.

Publicité de la marque «NIKE» (d’articles sportifs), transmise à la télévision nationale pendant les olympiades de 2024, aux horaires des JT « stars » – avec  des sous-titres en espagnol –. « Je crois que je suis meilleur que les autres. Je veux ce qui est à toi et ne plus te le rendre. Ce qui est à moi est à moi et ce qui est à toi est à moi aussi. » Alors hein ? Tout un programme de gouvernement, non ? Ça ou la colonne vertébrale du « Projet 2025 » de l’ Heritage Foundation aux USA.

(1) Boisson de maïs
(2) Chauve-souris en Maya
(3) Le Glouton

 

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