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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Ago052024

ON RECOMMENCE ?

ON RECOMMENCE ?

Le figuier lime son vent
de ses branchages qui grattent.
La montagne, chat farouche, sort ses acides agaves.
Mais qui viendra ? Et par où… ?

(Romance somnambule.
Federico García Lorca) (1)

 Oui, le vent et la montagne semblent se connaître depuis longtemps. Je pourrais vous dire la date exacte, mais ça ne change rien à l’affaire… ou à la chose, au choix. Il se peut qu’on ne comprenne pas cette ferme mais apparente résignation ou résistance : la montagne qui supporte encore et encore des coups de griffes ; le vent qui apparemment se retire, s’avoue vaincu pour revenir ensuite. Toujours pareil, toujours différent.

 Mais ce ne sont pas ces attaques brutales qui préoccupent la montagne. Elle en a vu de pires, pour peu qu’on le lui demande. Non, ce qui l’inquiète, ce sont les tempêtes qui arrivent avec des bulldozers, des pelleteuses, des chercheurs de minerais, des entreprises touristiques, des usines, des centres commerciaux, des trains, des gouvernements qui font semblant d’être ce qu’ils ne sont pas, la destruction, la mort. Bref : le système.

 Il ne serait donc pas étonnant qu’ils parviennent à un accord, la montagne et le vent. Après tout, ils partagent la même mère : Ixmucané, la plus sage.

 Non, je ne vous dirai pas la date exacte de leur première rencontre. Mais, disons qu’ils se connaissent de longue date, que la grimace sceptique et le rictus méprisant de la montagne face aux premiers éclairs et bourrasques sont devenus habituels. Même chose pour l’insolence du vent quand, à force de pluie, de vents et de tonnerre, il arrache à la montagne des mèches de sa verte chevelure. Les coups de griffe que le vent lance avec une passion maladroite, les blessures telles des tranchées détrempées, ne parviennent pas à atténuer le rejet âcre de la montagne. Ils se rencontrent, ils se séparent et finalement finissent par s’étreindre et se disent au revoir sans promesses ni confessions. Une relation complexe pleine d’acceptation et de rejet. « L’amour », quoi.

-*-

 On dit que l’on dit qu’on raconte qu’une légende qu’il reste encore à écrire relate qu’il y eut une réunion où on convoqua la famille de Votán, gardien et cœur du peuple. Et la montagne s’exprima ainsi :

 « Mes enfants, mes chéris, il va se passer ce que vous avez lu auparavant sur ma peau et mes cheveux. Mon frère, le vent, le seigneur Ik’, apporte des nouvelles terribles d’une autre tempête, la plus meurtrière de toutes. Nous le savons déjà. Et c’est à toute la famille de résister et de se défendre. Vous êtes les gardiens créés pour protéger. Sans vous, nous périssons et nous errons sans but. Sans nous, vous devenez des êtres perdus, avec un cœur plein de vide et sans espoir dans votre existence. Ik’ raconte ce que son cœur a vu : sur la terre comme dans le ciel, les animaux partagent inquiétude et angoisse.

 On l’écoute dans le Cauca et dans les quartiers de Slovénie. Au Japon et en Australie. Au Canada et en SLUMIL K´AJXEMK´OP (2). En Norvège, en Suède, au Danemark et au Nicaragua qui ne se rend pas, ni ne se vend, jamais ! À La Polvorilla et dans la blessure que le train transisthmique, plaie suppurante, a ouverte dans le cœur des autochtones qui luttent. Dans les patries que la guerre multiplie comme des malheurs et chez ceux qui ont les Bras Ouverts (3) pour secourir les démunis. À Ostula et au Groenland. En Haïti torturée et dans les cenotes mayas souillés par les rails de la démagogie. Chez les déplacés et chez les expulsés de la vie par l’extorsion. Dans le @ libertaire qui avertit, depuis longtemps, que l’État n’est pas une solution mais un problème. Chez la petite fille palestinienne qui avec cette bombe a reçu l’inconnu de la vie… et la certitude de la mort.

C’est ainsi que l’on parle au peuple frère Saami, au mapuche, au gitan avec sa maison sur le dos, à l’originaire de toutes les terres et mers, à celui qui lutte et résiste sur la terre qui pousse vers le haut, au pêcheur qui dans la mer laboure la vie. On le raconte aux petites filles qui comprennent la langue oubliée. Aux petits garçons aux regards sérieux. Aux femmes qui cherchent des absences forcées. Aux personnes déjà âgées qui maquillent leurs cicatrices comme des rides douloureuses. À qui ne sont ni lui ni elle et que Rome aille se faire foutre. À tous les êtres humains qui, comme le maïs, ont toutes les couleurs et, à table, à terre, dans leurs bras, ont toutes les manières.

 Mais tous n’écoutent pas. Seulement qui regarde loin et profond comprend ce que cette parole que parle Ixmucané, la plus sage, dit et avertit.

 Cherchez donc la manière, mes enfants. Et cherchez qui. Élevez votre voix avec le seigneur Ik’ dans une main et mon cœur dans l’autre. Rappelez au monde que la mort et le lendemain se forment dans les ombres de la nuit. La lumière se forge dans l’obscurité. »

-*-

 Oui, le vent et la montagne se sont à nouveau rencontrés. Mais cette fois-ci, ce fut différent. L’aube avait retardé son arrivée, étouffée peut-être par la chaleur, mais au premier éclair déchirant le huapác, elle se présenta immédiatement avec une pluie telle une gifle.

 Dans la cahute, le bruit des gouttes sur le toit de tôle ne permettait pas ou peu d’écouter. Mais, on parvenait à voir clairement, grâce à la bienveillance chancelante d’une lanterne, sur la table – brûlée et avec des brins de tabac humide – un papier couvert de ratures. La seule chose qu’on y lisait clairement était :

« La patience est vertu du guerrier. »

Voilà. Santé et que la nuit nous trouve comme il se doit, à savoir, réveillés.
Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

LE CAPITAINE
Août 2024

 

P.S.- Oui, bien sûr, et de la guerrière. Oui, et du de la guerrier·e. De le guerrere? Vraiment ?

 

(1) Complaintes gitanes, traduit de l’espagnol par Line Amselem, Paris, Allia, 2022, p. 33-35.

(2) Slumil K’Ajxemk’Op, nom par lequel les zapatistes ont rebaptisé l’Europe lors du Voyage pour la vie, et qui signifie «terre rebelle», «terre qui ne se résigne pas».

(3) Allusion à l’ONG «Open Arms»

 

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