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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Oct202023

À propos de semis et de récoltes

ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE.

MEXIQUE.
Octobre 2023.

Il y a presque 15 ans, notre parole avait averti du cauchemar. C’était lors d’un séminaire et par la voix du défunt SupMarcos que nous avions parlé. Voilà :  

À propos de semis et de récoltes
(Janvier 2009)  

Peut-être que ce que je vais dire n’a rien à voir avec le thème central de cette table ronde, ou peut-être que oui.

Il y a deux jours, au même moment où nous parlions de violence, l’ineffable Condoleezza Rice, fonctionnaire du gouvernement américain, déclarait que ce qui se passait à Gaza était la faute des Palestiniens, en raison de leur nature violente.

Les rivières souterraines qui parcourent le monde peuvent changer de géographie mais elles chantent toujours la même chanson.

Et celle que nous écoutons maintenant est celle de la guerre et de la honte.

Pas très loin d’ici, dans un endroit qui s’appelle Gaza, en Palestine, au Moyen Orient, ici à côté, une armée très fortement équipée et entraînée, celle du gouvernement israélien, continue son avancée meurtrière et destructrice.

Les opérations qu’elle a menées sont, jusqu’à présent, celles d’une guerre de conquête militaire classique : d’abord un bombardement intense et massif pour détruire les points militaires «névralgiques»(c’est comme ça qu’ils disent dans les manuels militaires) et pour “ramollir” les fortifications de résistance, ensuite un contrôle de fer de l’information : tout ce qui s’écoute et se voit depuis le” monde extérieur”, c’est à dire, extérieur au théâtre des opérations, doit être sélectionné avec des critères militaires; maintenant des tirs d’artillerie intenses contre l’infanterie ennemie pour protéger l’avancée des troupes vers de nouvelles positions; ensuite ce sera le siège pour affaiblir la garnison ennemie; ensuite l’assaut pour conquérir la position de l’ennemi, ensuite, le “nettoyage” des probables “ nids de résistance”. 

Le manuel militaire de la guerre moderne, avec quelques variations et quelques ajouts, est suivi pas à pas par les forces militaires d’invasion.

Nous, nous n’y connaissons pas grand-chose, et il y a sûrement des spécialistes sur ce qu’on appelle “le conflit au Moyen Orient”, mais depuis ce petit coin du monde, nous avons quelque chose à dire :

Selon les photos des agences de presse, les points “névralgiques” détruits par l’aviation du gouvernement d’Israël sont des maisons habitées, des cabanes, des bâtiments civils. 

Parmi les destructions, nous n’avons vu aucun bunker, ni caserne ou aéroport militaire, ni batterie de canons. 

Excusez notre ignorance, mais nous en déduisons donc que, soit les avions militaires visent bien mal, soit, à Gaza, il n’y a pas de points militaires “névralgiques”.  

Nous n’avons pas l’honneur de connaître la Palestine, mais nous supposons que dans ces maisons, ces cabanes, ces bâtiments habitaient des gens, des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, et pas des soldats.

Nous n’avons pas non plus vu des fortifications de résistance, seulement des décombres.

Nous avons vu, par contre, l’effort jusqu’ici futile d’un embargo médiatique et les différents gouvernements du monde hésitant entre feindre l’ignorance ou applaudir l’invasion, et une ONU, déjà inutile depuis longtemps, sortant de timides bulletins de presse.

Mais attendez. Il nous vient à l’esprit maintenant que peut-être, pour le gouvernement d’Israël, ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces personnes âgées sont des soldats ennemis et, en tant que tels leurs maisons, leurs cabanes, leurs bâtiments sont des casernes qu’il faut détruire.

Et donc, assurément, les tirs de l’artillerie qui tombaient sur Gaza au petit matin étaient pour protéger l’avancée de l’infanterie de l’armée israélienne de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants et de ces personnes âgées.

Et que la garnison ennemie qu’il veulent affaiblir par le siège de Gaza n’est rien d’autre que la population palestinienne qui vit là –bas. Et que l’assaut a pour but d’anéantir cette population. Et que n’importe quel homme, femme, enfant ou personne âgée qui réussit à s’échapper, à se cacher de l’assaut prévisiblement sanglant, sera ensuite “chassé” pour que le nettoyage soit complet et que le chef militaire qui commande l’opération puisse rapporter à ses supérieurs : “notre mission est terminée”.

Excusez de nouveau notre ignorance, peut-être que ce que nous disons n’a aucun sens. Et qu’au lieu d’être en train de répudier et de condamner le crime en cours, en tant qu’indigènes et en tant que guerriers que nous sommes, nous devrions être en train de discuter et de prendre position soit sur le débat “sionisme” ou “antisémitisme”, soit sur le fait qu’au début ce furent des bombes du Hamas.

Peut-être que notre pensée est trop simple et qu’il nous manque des nuances et des subtilités si nécessaires, toujours, dans les analyses mais, pour nous, Zapatistes, à Gaza, il y a une armée qui est en train d’assassiner un peuple sans défense.

Qui, en bas et à gauche peut rester sans rien dire ?

-*-

Est-ce utile de parler ? Nos cris peuvent-ils arrêter une bombe ? Notre parole sauve-t-elle la vie d’un enfant palestinien ?

Nous, nous pensons que, oui, cela sert, peut-être que nous n’arrêterons pas une bombe, peut-être que notre parole ne se transforme pas en un bouclier blindé qui empêcherait cette balle de calibre 5.56 mm ou 9 mm dont les lettres «IMI», (“Industrie Militaire Israélienne”), sont gravées sur la cartouche, d’atteindre la poitrine d’une petite fille ou d’un petit garçon palestinien, parce que peut-être notre parole arrivera à s’unir à d’autres du Mexique et du monde et peut-être qu’elle se convertira d’abord en un murmure, puis en une voix plus forte et enfin en un cri qu’on entendra à Gaza.

Nous ignorons si vous le savez, mais nous, Zapatistes de l’EZLN, savons combien il est important, au milieu de la mort et de la destruction, d’entendre des mots de soutien.

Je ne sais pas comment l’expliquer mais il se trouve que, oui, peut-être que les mots depuis très loin n’arrêtent pas les bombes, mais ils permettent d’ouvrir une brèche dans la chambre noire de la mort et d’y laisser passer une petite lumière.

Pour le reste, il se passera ce qu’il doit se passer. Le gouvernement d’Israël déclarera qu’il a administré un coup sévère au terrorisme, il cachera à son peuple l’ampleur du massacre, les grands fabricants d’armes auront obtenu un souffle économique pour affronter la crise et “l’opinion publique internationale”, cette entité malléable et toujours changeante, détournera le regard.

Mais pas seulement. Il se passera aussi que le peuple palestinien résistera et survivra et continuera à lutter et continuera à recevoir la sympathie pour sa cause des gens d’en bas.

Et peut-être qu’une petite fille ou un petit garçon de Gaza survivra aussi. Peut-être qu’avec eux grandira la colère, l’indignation, la rage. Peut-être qu’ils deviendront soldats, miliciens d’un des groupes qui luttent en Palestine. Peut-être qu’ils combattront contre Israël. Peut-être qu’ils le feront en utilisant un fusil. Peut-être en s’immolant avec une ceinture de dynamites autour de la taille.

Et alors, d’en haut, ils écriront sur la nature violente des palestiniens et feront des déclarations condamnant cette violence puis on continuera à discuter du sionisme et de l’antisémitisme.

Et alors, personne ne demandera qui a semé ce que l’on récolte.

De la part des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale.

Sous-Commandant Insurgé Marcos.
Mexique, 4 janvier 2009.

-*-

Celles et ceux qui étaient mineur.e.s à l’époque, il y a presque 15 ans, et ont survécu, et bien…

  Il y a ceux qui ont été responsables de semer ce qui aujourd’hui se récolte et il y a ceux, qui, impunément, continuent à semer.

  Celles et ceux qui, il y a quelques mois à peine, ont justifié et défendu l’invasion de la Russie de Poutine en Ukraine, en faisant valoir son «droit à se défendre d’une menace potentielle» doivent maintenant faire des pirouettes (ou parier sur l’oubli) pour invalider cet argument face à Israël, et vice versa.

  Aujourd’hui, il y a en Palestine et en Israël – et dans le monde entier – des enfants et des jeunes qui apprennent ce qu’enseignent les terrorismes : qu’il n’y a pas de limites, ni de règles, ni de lois, ni de hontes.

  Ni de responsabilités. 

-*-

  Ni le Hamas ni Netanyahou. Le peuple d’Israël survivra. Le peuple de Palestine survivra. Ils ont seulement besoin de se donner une chance et de s’y accrocher.

  En attendant, chaque guerre continuera à être le prélude de la suivante, plus féroce, plus destructrice, plus inhumaine.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

Sous-commandant insurgé Moisés.
Mexique, octobre 2023.

 

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1 Comentario »

  1. merci.

    Comentario de karacole — octubre 25, 2023 @ 2:37 pm

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