La Calamité Zapatiste.
(Où l’on raconte l’histoire de la rencontre entre le SupGaleano et Calamité, avec en annexe l’Histoire du Popcorn et à la page sport : le premier match de foot mondial ; ainsi que d’autres malheureux – aux yeux du Sup – évènements)
Notes d’en-tête (juste pour emmerder celles des pieds de page):
(1) Une première version de cette histoire a été racontée, de vive voix, lors du Deuxième Puy ta Lecuxlejaltic, qui s’est tenu au Caracol de Tulan Kaw en décembre 2019. Ce texte était resté inédit jusqu’à aujourd’hui. Cette version conserve le corpus original auquel sont ajoutés quelques détails qui peuvent contribuer ou pas à en désespérer plus d’un, habitué comme on l’est, peut-être, à des lectures minimales sur le plan des idées comme de la longueur. Il est possible que vous détectiez quelques spoilers par rapport à ce qui est aujourd’hui connu comme « La traversée pour la vie ». Ne vous en faites pas, il arrive que le zapatisme énonce des choses qui ne sont pas encore arrivées. Cette irresponsabilité zapatiste est désormais légendaire, alors, cessez de vous plaindre et de médire.
(2) Ce texte ne dispose pas, hélas, des effets spéciaux utilisés dans le Caracol déjà mentionné, et qui ont valu au SupGaleano 7 nominations pour « le Grain de Popcorn de Carton », qui est la plus haute distinction qui soit donnée à celui qui avale le plus grand nombre de bols de popcorns, avec un max de sauce piquante… sans prendre de remèdes contre l’acidité. Niveau « avec ou sans film ».
(3) Warning: les récits suivants peuvent contenir des images qui scandalisent celles et ceux qui manquent d’imagination, d’intelligence, et d’autres choses également sans valeur quant à la modernité. Leur lecture n’est pas recommandée pour les adultes de plus de 21 ans, sauf s’ils sont supervisés par des enfants de moins de 12 ans. Comment ça?! Vous allez quand même lire malgré cette sérieuse mise en garde? Inutile de le dire, il n’y a plus de valeurs, vous comprenez.
(4) Le récit s’inspire de faits réels. Les noms sont conservés pour délimiter les responsabilités devant la Commission de Justice du Conseil de Bon Gouvernement… Quoi? Bien sûr, vous pouvez mettre en doute la véracité de ce qui est raconté ici, mais… n’avez-vous pas déjà mis en doute le fait que les zapatons allaient envahir l’Europe? Pas vrai ? Tous les personnages qui sont décrits ici existent dans la réalité. Si quelqu’un n’imagine pas que ce soit possible, ce n’est pas la faute à la réalité. C’est plutôt qu’il manque d’imagination.
(5) Eh? Non, je ne suis pas en train de vous réprimander, je suis plutôt comme qui dirait en train de vous décrire le contexte de ce qui suit et ce qui est…
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C’est l’histoire d’une fillette zapatiste que personne n’aimait parce qu’elle était, et elle est, différente parmi les différents.
La fillette dont je vous parle est née dans une communauté indigène zapatiste. Le nom de son village, de sa région ou de sa zone, n’a pas d’importance pour l’instant.
Toujours loin des miroirs, elle grandit en regardant et en écoutant le monde à travers le regard et l’oreille des autres filles et des garçons. Elle est née grande et c’est une grande petite fille. Et quand je dis grande, je me réfère à sa taille, à sa stature et à son poids, pas à son âge chronologique. Mais, comme je vous l’ai déjà dit, elle regardait avec le regard des filles et des garçons de son âge, elle n’était pas consciente de sa différence.
Dans l’idée qu’elle se faisait d’elle-même, elle était aussi petite que le reste des filles et garçons de sa génération, âgé.e.s alors de 3 à 6 ans.
Quelques jours après sa naissance, elle est tombée. Vous savez bien que les femmes indigènes ont l’habitude de reprendre très vite leurs travaux après l’accouchement. Elles portent leur bébé dans leur châle comme maman kangourou, et là, le produit ou la produite mange, dort et fait les besoins que l’on dit primaires (soit 25 et 50 – uriner et déféquer, pour les néophytes -). Le bébé incorporé à son propre corps, la femme manœuvre avec son châle pendant qu’elle fait ses travaux et, souvent, elle le fait glisser dans son dos. Ergo, les Mamans sont supérieures aux kangouroues.
Au final, cela donne à la créature une supériorité sur celle qui l’a créée, parce qu’elle regarde ce que sa mère ne voit pas. Ainsi, le bébé regarde ce que regarde la maman quand celle-ci le porte devant; et il regarde ce que sa mère ne regarde pas quand il est dans son dos. Et les deux perspectives sans abandonner l’intime proximité avec sa créatrice.
Ce double regard, qui peut paraître normal à celles et ceux qui naissent, grandissent, vivent et meurent dans une communauté indigène, permet au bébé d’échapper à la censure. C’est à dire qu’il peut regarder des choses que la mère ne veut peut-être pas qu’il regarde, ou pas encore.
Oh, je sais. Je suis en train de spéculer depuis le monde adulte sur le regard de la petite enfance, mais ceci est un conte ou une histoire dont vous ne saurez jamais si elle s’est passée ou se passe vraiment; ou si elle a été inventée lors de ces petits matins solitaires, peuplés de café et de fumée de tabac, qui se répètent dans les montagnes du sud-est mexicain.
Donc, pour en revenir à la petite fille, ses premiers jours ne furent pas très différents de ceux des autres : parfois elle regardait ce que regardait sa mère : le foyer, le tas de bois, la marmite, les assiettes, la cuillère, le ruisseau et le seau, les animaux, le créateur complice (« papa » lui dira-t-elle plus tard) et, peut-être, les autres créatures de différentes tailles qui couraient et travaillaient et qu’elle appellerait plus tard « frères » ou « sœurs », et qui seraient son premier conflit. Car, comme vous le savez tous, les frères et sœurs qui ne se battent pas entre eux ne sont pas des frères et sœurs.
Quand elle était portée sur le dos, la petite fille regardait un autre monde. Là, il se pourrait que ce qui lui apparaissait lui fasse peur et qu’elle se réfugie dans le châle, en pensant peut-être : « Non, trop d’informations, pour l’instant je dois me concentrer sur ce qui est essentiel en ce monde : pleurer, manger, déféquer, dormir, et recommencer ».
Ou il se pourrait qu’elle ne se cache pas. Il se pourrait qu’elle ouvre grand les yeux et que ses petites mains essayent d’atteindre le vol d’un oiseau, ou ce canard (sans lui nuire) qui, c’est vrai, marchait autrement. Qui était-elle pour critiquer, elle qui ne savait même pas que ces deux choses qu’elle avait à l’extrémité inférieure de son corps servaient à autre chose qu’à essayer de les mettre dans la bouche?
Ce qui arriva aurait pu arriver à n’importe qui. La mère, occupée à mettre le bois en place, fit glisser le châle dans son dos et ne se rendit pas compte que dans le mouvement, la partie inférieure se déroba et la petite fille, qui comme je vous l’ai dit était grande et lourde, glissa et tomba au sol avec un « plop » presque imperceptible, parce que la flaque boueuse dans laquelle elle atterrit atténua l’impact.
Tous les accidents ne sont pas malheureux. La petite fille n’eut pas le temps de pleurer car, juste à ce moment-là, passait la maman cochon, une grande truie, avec plusieurs petits cochons qui la suivaient. La petite rejoignit la procession et, à quatre pattes, suivit derrière comme un porcelet de plus du petit troupeau.
La maman ? Elle n’y vit que du feu. Ce ne fut que quand son mari rentra de la milpa et qu’il demanda des nouvelles de la petite, que la maman se rendit compte que dans son dos, le châle pesait moins que d’habitude.
Ils commencèrent à chercher la petite fille, et ne tardèrent pas à la trouver : assise parmi les porcelets, la petite s’amusait avec la boue et embrassait un porcelet que les marques d’affection ne rendaient en rien heureux car, l’ai-je déjà dit? La petite était grande et forte.
L’homme rit de bon cœur et alla chercher son portable pour la prendre en photo, mais la mère déclara ce que celles qui sont et ont été Mamans dans ce monde diraient en pareil cas : « Ma fille, tu es une calamité ! »
Puisque sa fille marchait déjà à quatre pattes, elle arrêta de la porter dans le châle – ce dont le dos de la compañera fût profondément reconnaissant. La petite, outre le fait d’être grande, était curieuse. Un jour, lui vint l’idée d’essayer de voir ce qu’il se passerait si elle enveloppait une brindille enflammée tombée du foyer avec un chiffon. Le fait est que le chiffon était le jupon de la compañera. La maman s’en rendit compte à l’odeur de nylon brûlé et cria : « Ma fille, tu es une calamité ! »
Un jour, sa maman l’amena au marché du chef-lieu municipal. Pendant que la dame cherchait un jupon pour remplacer celui qui avait brûlé, la petite s’approcha d’une pyramide de boites de conserve et trouva que les boites qui étaient tout en bas n’étaient pas bien rangées, elle en retira donc une de la base. On entendit le fracas dans toute la galerie du marché. Le propriétaire du stand prit la petite dans ses bras et la remit à sa mère en disant : « Madame, votre fille est une calamité ».
Quand ils se retrouvaient, après une longue journée de travail, chacun.e à la tâche qui lui était assignée, monsieur et madame échangeaient leurs comptes rendus. Quand son tour arrivait, la maman commençait par : « Cette petite est une calamité », et elle continuait avec une longue liste de bêtises.
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Comme tous ne le savent peut-être pas, les enfants ne respectent pas la cahute du SupGaleano. Peu importe le nombre de pièges et d’obstacles que le Sup installe, ils trouvent toujours le moyen d’apparaître sur le seuil de la porte pour demander des biscuits, un ballon, ou tout simplement un conte.
Un après-midi, apparut une petite fille au grand corps. Le SupGaleano, avec ce tact diplomatique qui le caractérise, lui demanda : « T’es qui toi ? Je ne te connais pas. » La petite fille, en toute logique, répondit : « Moi, je suis une Calamité ».
L’honnêteté de la petite plut au SupGaleano, il lui permit donc de rester dans sa cahute jusqu’à ce que sa maman vienne la chercher. La dame se confondait en excuses, car sa fille était une calamité. Le SupGaleano, qui éprouve de l’empathie pour l’enfance – peut-être parce que lui-même n’a même pas encore atteint la puberté -, murmura juste : « Eh ben, la petite ne l’a pas volé, elle l’a hérité ».
Dès lors, la petite Calamité apparaissait de temps en temps dans la cahute et, comme il fallait s’y attendre, elle provoquait une calamité. Par exemple, elle avait observé que le SupGaleano grondait le chat-chien parce qu’il urinait par terre et sur les murs de la cahute. Un jour, Calamité eut envie de faire pipi et elle monta sur le matelas tout troué et brûlé du Sup – car le Sup est un irresponsable qui fume la pipe au lit (c’est pas vrai,… en fait si, je suis irresponsable mais ce n’est pas le sujet, le matelas était en soi déjà sale et parfois j’éternue donc, je vous laisse imaginer…) – et elle fit pipi. Le Sup se mit en colère et demanda à Calamité pourquoi elle faisait ça. Et Calamité, avec cette logique renversante propre à l’enfance, lui répondit : « Ben, t’as dit qu’on ne faisait pas pipi par terre ».
Le Sup ne sut que dire et avec la serpillière, il fit ce qu’il put pour laver le matelas, duquel il n’y avait pas de quoi être fier. Entre le fait qu’une famille de souris se l’était accaparé pour s’y loger et les brûlures dues aux brins de tabac qui tombaient de la pipe, le Sup ne pouvait pas vraiment faire de manières.
Et pour en rajouter, le chat-chien regardait le Sup, avec l’air de dire : « Et voilà, moi je suis un saint comparé à Calamité. » Et c’est pour ça que le chat-chien sympathisait avec la petite. Ses bêtises paraissaient minimes comparées à celles de la redoutable Calamité.
Ainsi la fillette, le Sup et le chat-chien s’entendaient bien, peut-être parce que les trois étaient dysfonctionnels. C’est à dire, en d’autres mots, qu’ils n’arriveront jamais à être des citoyens modèles, ni à gagner des prix, ni à occuper des postes gouvernementaux ou d’autres choses tout aussi horribles. Malgré cela, quand la bande de Defensa Zapatista arrivait, Calamité s’éclipsait car elle savait qu’elle n’était pas bien vue par le reste de l’humanité.
Mais comme disait feu le SupMarcos (que le bon dieu le garde en sa sainte gloire et la très sainte vierge le couvre de bénédictions) : « Quand tu crois que rien de pire ne peut arriver, la bande de Defensa Zapatista peut toujours apparaître. »
« Les malheurs n’arrivent jamais seuls », je dis, c’est pourquoi il ne tarda pas à arriver qu’une série de phénomènes conduisent à ce qui serait l’antécédent de la tempête parfaite.
Alors, le jour vint, bien que ce soit plutôt un après-midi, où Calamité entra dans le groupe très select de Defensa Zapatista, dont la commandante en second, Esperanza Zapatista, ne faisait rien d’autre que renforcer le paradoxe de son nom…
CALAMITÉ ET LA BANDE DE DEFENSA ZAPATISTA
C’était un après-midi, dans les montagnes du Sud-est Mexicain. Dans le pâturage communautaire, un groupe de garçons et de filles jouaient au ballon. Enfin, c’est ce que quelqu’un qui ne connaît pas cette bande-là aurait pu croire.
En réalité, il s’agissait d’un entraînement rigoureux de l’équipe infantile de football de Defensa Zapatista. À ce moment là, ils étaient en train de pratiquer la contre-attaque, manœuvre que Defensa Zapatista expliquait ainsi : « Faites comme si les maudits ennemis de l’équipe adverse arrivent avec le ballon, qu’ils sont plus grands que nous, qu’ils jouent mieux que nous, que tout le public les encourage, qu’ils sont mieux nourris que nous, mieux entraînés que nous, qu’ils ont de vrais maillots et que nous sommes sur leur terrain, c’est à dire que ce sont eux les locaux . Qu’est-ce qu’on fait ? »
Pedrito hausse les épaules, les hypothèses de Defensa Zapatista lui paraissent toujours, erronées et mal posées dès le départ. Le cheval borgne arrête un moment de mâcher la bouteille en plastique, il semble y réfléchir un moment, puis continue de mâcher comme si de rien n’était. Le chat-chien se met derrière Defensa, ainsi, on dirait que lui aussi, attend la réponse. Esperanza Zapatista se rend compte qu’il ne reste qu’elle, elle s’arme donc de courage comme des femmes que nous sommes, pour rien au monde, résistance et rébellion, et elle lève sa menotte. Defensa Zapatista respire avec soulagement et dit : « Voyons, Esperanza, qu’est-ce qu’on fait ». Esperanza Zapatista se racle un peu la gorge et, suivant la méthode zapatiste fondée par le défunt SupMarcos, elle répond : « On se sauve ? »
Le chat-chien remue la queue en signe d’approbation. Pedrito est sur le point de dire que la réponse-question d’Esperanza ouvre un nouveau champ épistémique. Le cheval borgne continue de mâcher mais désormais avec plus d’entrain.
Defensa Zapatista s’arrache les cheveux et crie : « Non ! Pas question de se sauver. Pour rien au monde, résistance et rébellion. Ce qu’on fait c’est une contre-attaque. Une super frappe alors, qui envoie le ballon très loin. Tiens, Pedrito, toi tape dans le ballon. »
Pedrito est sûrement très futé pour la théorie de la connaissance et les paradigmes épistémologiques, mais il tire toujours de travers. Alors le ballon, au lieu d’aller dans le camp adverse, atterrit dans la petite lagune qui se trouve à côté du pâturage… pardon, du terrain d’entraînement de haut rendement autonome, autorisation du Conseil de Bon Gouvernement, numéro je-sais-pas-quoi, situé au Caracol de Tulan Kaw, domicile connu.
La bande se masse sur la rive et voit avec désolation que le ballon flotte au beau milieu de la mer inhospitalière… bon, au milieu de la mare, parce que la «lagune» ne mesure pas plus de 10 mètres de diamètre et n’excède pas les 50 centimètres de profondeur.
Esperanza Zapatista, avec cet optimisme que son prénom trahit, dit : « Il y a sûrement des requins très féroces, de ceux qui ne te mâchent même pas. Ils t’avalent d’un coup et tu meurs cruellement dans le ventre du requin, au milieu des petits poissons et des bouteilles en plastique qu’il a gobé avant. »
Le cheval borgne relève les oreilles quand il entend « bouteilles en plastique », mais il ne bouge pas.
Pendant qu’Esperanza décrivait ce beau tableau impressionniste, genre « Sharknado », Pedrito avait consulté son portable et il précise :
« Impossible, il n’y a pas de requin en eau douce. Donc, nous n’avons rien à craindre de ces sélachimorphes. »
Tous respirent, soulagés. Mais Pedrito poursuit : « D’un autre côté, il est fort probable qu’il y ait des crocodiles », et il montre quelque chose ressemblant à un tronc qui flotte au milieu de l’étang. Tous frémissent.
Le chat-chien, pour sa part, est chien mais aussi chat, du coup, pas question de se mouiller.
Defensa Zapatista raisonne : « Bon, de toutes façons, ce ballon était déjà vieux, si ça se trouve, le Sup en a un autre, ou alors, qu’il en demande un aux citoyens. »
Pendant que toute la bande est en train d’essayer de dissimuler sa peur sous une apparente prudence, Calamité, qui avait observé toute la scène depuis sa cachette, apparaît, se met à l’eau, récupère le ballon, le rapporte, et le dépose devant Defensa Zapatista.
La bande, une fois remise de sa stupeur, applaudit à tout rompre, essaye de porter Calamité en triomphe, mais comme elle pèse trop lourd, opte pour lui donner des petites tapes dans le dos.
Le ballon récupéré, Defensa Zapatista commence à donner de nouvelles instructions mais, quand ils se retournent pour regarder, Calamité a relancé le ballon dans l’eau.
Defensa lui demande : « Qu’est-ce que tu as fait? », et, pour toute réponse, Calamité retourne à l’eau et en ressort le ballon. Ils l’applaudissent de nouveau. La troisième fois qu’elle le fait, la bande reçoit le ballon dans un silence sépulcral.
La cinquième fois, ils doivent attraper Calamité tous ensemble pour qu’elle ne relance pas le « sphérique » dans l’eau. Calamité est déconcertée : Ben quoi, c’était pas ça le jeu ?
L’équipe se met un peu en retrait, en gardant jalousement le ballon, loin de la compulsion de Calamité; seule Defensa Zapatista reste pensive et regarde intriguée la fillette. Dans son esprit compliqué, plein de stratégie et de tactique footballistique, elle comprend maintenant ce que lui avait dit un jour le défunt SupMarcos : « l’émerveillement de la surprise ne réside pas seulement dans le fait de faire une chose inattendue, mais aussi dans où la faire, quand la faire, avec quoi la faire… et avec qui la faire. » Le visage de la petite Defensa Zapatista s’illumine. Elle demande à la fillette : « Comment tu t’appelles? » La fillette répond : « Moi, je suis une Calamité. »
Defensa prend Calamité dans ses bras et lui dit : « Tu vas être dans notre équipe. Et maintenant tu t’appelles Calamité Zapatista. » Et, s’adressant au reste de l’équipe, elle leur communique : « cÇa y est, nous avons une nouvelle arme secrète. » Tous regardent terrorisés comment, pendant que Defensa explique une nouvelle et complexe stratégie de jeu qu’elle appelle « résistance et rébellion », Calamité lance de nouveau le ballon à l’eau et, après avoir souri, se jette à la mer en furie… bon, dans la petite lagune, pour récupérer le ballon.
Esperanza jure qu’une baleine monstrueuse a rapproché le ballon de Calamité. Pedrito a précisé que ce n’était pas une baleine, mais le Kraken qui était venu se réfugier en terres zapatistes… bon, en eaux zapatistes.
Le fait est que Calamité était heureuse parce qu’elle avait de nouveaux amis, et pas n’importe quel groupe d’amis: c’était la bande de Defensa Zapatista, la seule contre laquelle presque toute la structure organisationnelle zapatiste avait pris des mesures restrictives.
Calamité Zapatista doit avoir dans les 3 ou 4 ans et, comme c’est la plus petite en âge, bien que pas par la taille, elle dit « doña » aux plus âgées, comme on le lui a appris. À Defensa Zapatista, elle dit « Doña Defensa », ce qui ne fait pas rire cette dernière, ni Esperanza, qui est devenue « Doña Esperanza » à l’âge de 8 ans.
Une fois dans son nouveau groupe, Calamité a ressenti le besoin d’en informer son ancienne bande infantile. Elle fit un discours d’adieu émouvant à quelques porcelets qui se contentèrent de la renifler et de mordre le pantalon qu’elle portait. Les personnes présentes certifient que la maman truie avait les larmes aux yeux.
Les Sups, le CCRI, les zones, les JBG, les MAREZ et toutes les commissions autonomes ayant existé et en devenir pourront se plaindre autant qu’ils le voudront, mais si on doit reconnaître quelque chose à la bande de Defensa Zapatista c’est qu’ielles se protégeaient les un.e.s les autres.
C’est ainsi que Calamité put assister à diverses manifestations publiques de l’EZLN, qui lui étaient interdites auparavant, par crainte qu’elle n’y provoque une calamité.
Il n’était donc pas étonnant, lors d’événements, de voir passer une enfant entourée d’une farouche escorte de miliciennes. Mais nous savions tous qu’elles n’étaient pas là pour la protéger elle, mais plutôt pour protéger les participants car, et bien, c’était une calamité.
Pedrito le lui a expliqué ainsi :
« C’est que la compañerita Calamité, comment te dire… eh bien, c’est une calamité. Personne ne l’aime, sauf le SupGaleano et Defensa Zapatista. Et Calamité et le SupGaleano ne se parlent qu’entre eux, et ensuite ils se mettent à chanter ensemble. Ils chantent de façon épouvantable, comme si ils avaient mal au ventre. Mais, eux croient chanter très bien. Et ils jouent leur théâtre, mais personne ne les regarde. Seulement les grillons. Et le Sup dit que les grillons applaudissent, mais c’est n’importe quoi, c’est juste qu’ils font le bruit qu’ils font tout le temps, c’est pas qu’ils applaudissent. Mais Calamité y croit, et elle fait son tour d’honneur pour remercier, comme le Sup le lui a appris, et alors le Sup lui raconte des histoires terribles et merveilleuses pendant qu’ils se gavent de pop-corn. »
Et en ce moment même, dans la cahute, il n’y a que le Sup, le chat-chien et Calamité. Et là, d’un coup, le Sup se met une poignée de pop-corn à la sauce piquante dans la bouche, boit un coup du fameux soda de cola, et commence à raconter…
L’Histoire du Maïs à Pop-corn
Il y a très longtemps, quand le temps commençait à marcher en chancelant, comme un vieil ivrogne, les plus grands dieux, ceux qui firent naître le monde, se réunirent en assemblée et décidèrent de confier à la plus sage de tous, Ixmucané, la création des hommes et des femmes de maïs.
Mais les dieux mâles étaient très bêtes, naturellement, et ils ne se rendirent pas compte que c’était impossible car le maïs n’avait pas encore été créé. Alors, Ixcamuné leur dit : « Ah, chers frères, c’est vraiment pas croyable. Comment vais-je faire l’humanité de maïs si le maïs n’existe pas encor e? » « C’est bon, dirent les dieux mâles, mais tu te débrouilles parce qu’on a déjà pris cet accord en assemblée, et il y est dit que tu vas le mener à bien. »
Ixmucané grommela un bon moment, comme les femmes ont l’habitude de le faire : comment veulent-ils que je fasse s’il n’y a pas de quoi le faire, évidemment ces satanés bonhommes n’y ont pas pensé, comment vais-je faire maintenant, on va voir ce qui me passe par la tête pour résoudre ce gros problème.
Pendant que Ixmucané y réfléchissait, les dieux mâles commencèrent à médire : cette Ixmucané est une fainéante, elle ne respecte pas l’accord, elle fait l’autruche, dit un autre; et un autre ajouta : « Et en plus, on n’a pas encore créé les autruches », et ainsi de suite. Ils se demandèrent alors pourquoi ils devraient attendre Ixmucané, si ce sont eux qui savent.
Ils firent alors les premiers hommes et femmes avec la première chose qu’ils trouvèrent, c’est-à-dire du bois. De fait, les hommes en bois ne bougeaient pas bien, ils marchaient comme s’ils avaient des crampes.
Alors, ils en firent d’autres en or, mais ils étaient très lourds, et ils ne marchaient même pas.
Et pendant que les dieux mâles réfléchissaient à comment faire, les hommes en or obligèrent les hommes en bois à les porter un peu partout, et à les nourrir et à les honorer.
Et les dieux ne savaient plus quoi faire. Alors, arrive Ixmucané et elle observe comment vont les choses, puis se met en colère. Et elle engueule les dieux mâles, car à cause d’eux, ça va durer, le fait que les hommes en or réduisent à l’esclavage les hommes en bois.
Et les dieux mâles : « Comment ça c’est de notre faute, va savoir comment ça s’est passé, nous, on s’occupe de choses importantes. »
Et Ixmucané : « Non mais c’est pas vrai, en plus d’être bêtes vous êtes des lâches qui ne sont même pas responsables des bêtises qu’ils font, et ce que vous venez de faire de travers, on va l’appeler patriarcat, car seuls de vrais petits machos peuvent ne pas s’être rendu compte de cette injustice. »
Une fois qu’elle les eut bien engueulés, Ixmucané leur montra qu’elle avait déjà créé le maïs. Les dieux mâles applaudirent, et se félicitèrent et dirent que c’étaient eux qui avaient eu cette grande idée et que Ixmucané s’était contentée de mettre en pratique ce qu’ils avaient pensé dans la théorie.
Ixmucané ne dit plus rien, mais elle avait dans les mains des maïs de toutes les couleurs, et c’est ainsi qu’elle créa les hommes et les femmes qui peuplèrent le monde, et elle créa aussi les autrxs car, dit-elle, il est bon que le monde sache qu’il a de nombreux mondes en son sein, et pas seulement ceux qu’on voit au premier abord. Les hommes, les femmes et les autrxs furent faits ainsi, et les dieux se mirent à danser.
Ixmucané resta à contempler ses mains, et vit que ce qu’elle avait utilisé pour créer le maïs n’était pas tout à fait terminé, qu’il en restait encore un petit peu. Alors, Ixmucané pensa qu’il restait une autre leçon à donner au monde qui commençait alors à marcher. Et Ixmucané créa donc de plus petits maïs et elle les mit en terre pour qu’ils se mettent au monde.
Après un certain temps, les maïs allaient et venaient, travaillant pour donner des forces aux hommes, femmes et autrxs qui étaient en train de construire le monde. Mais personne ne faisait attention à ces tout petits maïs, on se moquait d’eux et on les méprisait. Et tous les petits maïs étaient tristes parce que personne ne les prenait en considération. Alors il vint à l’esprit d’un groupe de petits maïs que cela n’était pas juste, pourquoi les méprisait-on et ne les prenait-on pas en considération. Et ils ne l’acceptèrent pas. Et voilà le groupe de petits maïs insoumis. Et les autres maïs passaient et disaient : « Bon, et bien voilà le groupe de petits maïs insoumis, mais ils sont très très petits, personne ne va les prendre en considération. »
Alors ceux du groupe des petits maïs continuèrent de penser que, ça, ce n’est pas possible, tout va continuer de la même façon même s’ils ne sont pas d’accord. C’est alors qu’arriva Ixmucané qui faisait sa ronde de par le monde pour voir si tout se passait correctement. Et elle tombe sur le groupe des petits maïs et leur demande ce qu’ils font. Et les petits maïs lui racontent leur désaccord. Ixmucané se met à rire mais pas pour se moquer sinon avec tendresse, et elle dit aux petits maïs : « bien, écoutez petits frères, il ne suffit pas d’être en désaccord, il faut se mettre en résistance et en rébellion. Il faut vous rebeller, c’est à dire que vous ayez de la rage, ou de la colère, et que vous vous organisiez. »
Ixmucané s’en alla parce que les dieux masculins continuaient de faire des bêtises et qu’elle devait voir comment y remédier.
Le groupe des petits maïs resta à réfléchir à ce qu’avait dit Ixmucané et ils dirent : « Alors d’accord, on va se mettre en colère. » Et ils commencèrent à penser à toutes les humiliations et au mépris qu’on leur avait fait subir, et plus leur colère grandissait, plus la rage les gagnaient. Et de plus en plus, et ils devenaient rouges de tant de colère et ils ne supportaient plus la chaleur et, pop ! L’un d’eux éclate, et saute et devient spongieux, puis un autre, et le vent passe et les soulève. Tous sont en admiration devant les petits maïs qui volent. Et les autres petits maïs commencent à faire pareil, et un instant après un autre éclate et saute, et un autre, et d’autres. Puis beaucoup, et l’air s’emplit de petits maïs éclatés.
Et une fillette regarde en l’air et dit « on dirait des colombes ». Et un garçonnet dit »«oui, mais petites ». Et la fillette : « c’est ça, comme du pop-corn ». Et le garçonnet, comme font tous les garçonnets, prend un pop-corn et le mange et dit « c’est délicieux » ; et la fille dit « oui, mais on dirait qu’il lui manque quelque chose », et juste à ce moment-là elle trouve un pot qu’Ixmucané avait laissé, à moitié oublié et elle en met sur le pop-corn et ça pique un peu, mais c’est délicieux.
Et puis la fillette et le garçonnet appellent tous les enfants du monde, et ils commencent à ramasser les maïs volants, et ils les mettent dans un grand bol et y versent de la sauce piquante puis ils commencent à manger jusqu’à ce qu’ils aient la diarrhée, mais quoiqu’il arrive ils en font une fête.
Et alors, les autres maïs regardaient tout ça avec admiration et surprise, parce que c’étaient les seuls maïs qui pouvaient voler, et alors, ils se mirent enfin à respecter les petits maïs. Et le nom de « maïs colombe » (palomita), qui signifie « maïs qui vole et fait la fête », est resté. Ceci dans un langage que je viens d’inventer.
Et tan-tan. Fin de l’histoire.
Calamité applaudit enchantée. Le chat-chien n’applaudit pas, car ses pattes sont encore pleines de pop-corn à la sauce piquante et, patiemment, il les lèche, car ici rien n’est gaspillé… quand il s’agit de pop-corn.
Calamité a déclaré qu’elle va jouer au pop-corn. Elle s’arrête au milieu de la cahute et commence à retenir sa respiration et à se gonfler, jusqu’à devenir toute rouge puis violette (comme les enfants quand ils font une colère), et le Sup est sur le point de lui donner une tape pour la faire respirer, quand Calamité saute et s’écrie, en expirant, « POUM ! »; et elle regarde le Sup en s’attendant à ce qu’il fasse de même, et comme le Sup continue à manger comme si de rien n’était, Calamité dit : « Eh bien, t’es zapatiste ou pas ? ». Le Sup Galeano est piqué au vif, alors il retient sa respiration, mais avec la fumée du tabac et le pop-corn qui lui emplit la bouche, il ne parvient qu’à tousser bruyamment, projetant des morceaux de pop-corn à moitié mâchés. Et Calamité, le visage plein de son propre pop-corn mais aussi des éclaboussures, applaudit avec enthousiasme car, dit-elle, le Sup a fait le bruit de beaucoup de pop-corn en train d’éclater.
Et le Sup s’étouffe presque, mais il se remit rapidement d’aplomb en voyant arriver l’insurgée chargée de la Santé disant « Il faut faire une piqûre ». Tout le monde s’enfuit, le chat-chien en premier – au cas où on le confondrait avec un Sous-commandant – et il ne resta que Calamité, qui partait déjà, avec le sac à dos de la soignante, vers la petite lagune où s’ébattaient et sautaient un duo de baleines, se sachant à l’abri des bateaux des affreux grands capitalistes chinois-japonais-coréens qui, au lieu de suivre leurs us et coutumes, c’est-à-dire de produire des Anime, de la K-Pop (팬덤 군대 일어) et des murailles, veulent les chasser pour les convertir en dollars, wons, yens, euros et ce qui reste en pesos….
DE LA FAÇON DONT L’ÉQUIPE DE DEFENSA ZAPATISTA REMPORTA SON PREMIER MATCH INTERNATIONAL
Un de ces jours, eut lieu le premier match international où s’affrontèrent l’équipe intergalactique des femmes en lutte et l’équipe très autre menée par Defensa Zapatista.
L’étrange stratégie de la directrice technique de l’équipe zapatiste semblait fonctionner:
Quand l’équipe adverse avait le ballon et passait à l’offensive, Calamité entrait sur le terrain, attrapait le ballon et le lançait dans la lagune.
À ce moment-là, l’équipe de Defensa Zapatista commençait à lancer des rumeurs de requins très dangereux qui vivaient dans cette lagune. Pedrito précisait que ce n’était pas possible mais qu’il y avait sûrement des crocodiles géants. Esperanza racontait l’histoire d’une énorme baleine qui, de temps en temps, émergeait arborant un passe-montagne blanc.
Bref, la panique était semée avec une habileté à en faire oublier les réseaux sociaux.
Bien sûr, Calamité se remettait alors à l’eau et revenait avec le ballon. Et l’équipe adverse, dans un esprit qu’on appelle le fair play, la félicitait et essayait de la porter en triomphe, mais quand ils essayèrent, impossible.
La quatrième fois, l’équipe internationale de femmes en lutte demanda l’expulsion de la contrevenante qui, à chaque instant, jetait le ballon à la mer infestée de requins-tigres, crocodiles et caïmans, hydres, Krakens et même de baleines assassines (c’est ce qu’ils dirent), mais finalement, elles se divisèrent entre elles, parce ce qu’elles commencèrent à débattre de la sororité de genre, du fait qu’expulser Calamité était un signe que la pensée hétéro-patriarcale contaminait les femmes.
Elles passèrent du temps à discuter, quand elles réalisèrent que le chat-chien faisait une passe d’anthologie avec la tête du cheval borgne qui s’était endormi à la limite de la grande surface, et, dans un style que même Messi-Ronaldo n’a pas, marquait dans le camp adverse, ce qui fut célébré non seulement par le public qui envahissait le pâturage, je veux dire le stade (alors qu’en fait il n’y avait que le SupGaleano, Elias Contreras, et un stand solitaire de pop-corn où deux insurgées s’ennuyaient souverainement), mais également par Defensa Zapatista parce que c’était la première fois que le chat-chien ne marquait pas dans son propre camp.
L’arbitre siffla et le match se termina. La bande de Defensa Zapatista avait réussi son premier triomphe mondial.
Une fois de plus elles essayèrent de porter Calamité en triomphe, et une fois de plus durent y renoncer. Il n’y avait décidément pas moyen de trouver comment concrétiser la fête.
Mais le supGaleano trouva la solution en disant que c’était une rumeur, que rien n’était confirmé, que c’était peut-être une fake-news, mais qu’il avait entendu que Vlady avait remis au SupMoy une boîte de beignets de différentes saveurs. Que le supGaleano se plaignait que ce ne soient pas des biscuits au beurre, mais, comme dit le dicton – qu’il inventa à ce moment là – : à défaut de biscuits au beurre, des beignets ; et que le SupMoy était allé au festival de Cinéma, et qu’il avait laissé le Commandement Général du euzèdélène fermé à clé, ce qui était un problème, mais dont la solution résidait en ce qu’il avait laissé la clé au SupGaleano qui, à ce moment-là, la laissa tomber devant la bande ; et que cela allait beaucoup l’embarrasser de dire au SupMoy qu’il avait perdu la clé dans le stade, bon, dans le pâturage, mais que la bande de Defensa Zapatista l’avait aidé et qu’elle l’avait retrouvée ; et « voici la clé SupMoy, raconte-moi comment s’est passé le festival de cinéma. »
Et que, quand le SupMoy se rendrait compte que de la boîte de beignets, il ne restait que le carton, le SupGaleano allait l’informer que, dans la petite lagune qui se trouve au Puy, on avait aperçu une grande baleine qui tenait dans sa mâchoire un bout de beignets couleur arc en ciel, ce qui, pressentait SupGaleano, indiquait qu’il ne s’agissait peut-être pas d’une baleine, ni d’un baleineau, sinon d’unx baleinx, et que notre devoir de zapatiste était de lui fournir abri et soutien, parce que la différence ne doit être ni persécutée ni punie, sinon célébrée, par exemple avec une danse et, quelle coïncidence, le supGaleano venait de critiquer la commission musicale parce que les compagnons musiciens ne jouaient que la Yaquecita et qu’il y en avait marre de celle-là (l’autre nuit, ils l’avaient jouée 53 fois) et de celle de « así, así, así » (32 fois au dernier bal), et la Commission musicale avait dit « on va voir ça » ; et alors les compagnons musiciens commencèrent à jouer la Cumbia du petit Crapaud et, comme tout le monde sait, le crapaud est un cousin germain de la baleine; et au micro on annonce qu’il y a un bal, et alors les gens se ruent, et même des tercios et tercias abandonnent leurs équipements, et emmènent le SupMoy au bal….
Et seuls restent le supGaleano et le chat-chien, qui lui aboie et lui miaule dessus, et alors le SupGaleano dit : « Je savais que toi tu allais t’en rendre compte », et il ôte sa casquette et, tout en prononçant le mot magique « alakazam », sort de nouveau un beignet au chocolat, le dernier beignet des montagnes du sud-est mexicain, et, comme le chocolat a fondu et lui a laissé la tête toute poisseuse, le SupGaleano pense à comment il va faire pour nettoyer sa cagoule.
Et, tandis qu’il partage avec le chien-chat, le SupGaleano commence à raconter l’histoire terrible et merveilleuse d’une petite fille qui s’appelle Calamité Zapatista qui, par manque de chance pour eux, fait à ce moment-là son apparition avec la table de mixage des tercios et leur dit « on joue ? », tandis qu’elle se dirige vers la lagune pour jeter l’appareil à l’endroit ou des baleinxs sautent, heureuses d’être prises en considération.
Et oui, tant pis, le chat-chien et le SupGaleano durent partager le beignet avec Calamité et purent ainsi la retenir, mais seulement pour un moment, car Calamité venait de trouver le pop-corn du SupGaleano et, les joues tachées de sucre, elle leur dit d’un air festif : allons jouer au pop-corn !
Tan tan.
Depuis les montagnes du sud-est mexicain.
Le SupGaleano.
Réalisant qu’il n’est pas possible de nettoyer sa cagoule avec de la salive, il résout le problème en mettant un chapeau de cow-boy par-dessus. Bel homme, à chacun ses goûts. ¡Ajúa!
2019-2021
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Muchos saludos desde los cerros de Edomex a La Calamitad zapatista, que siga con alegría con sus calamidades, en el mundo en el que la vida es verdadera, y en otros.
Que sont mes amis devenus/que j’avais de si près tenus/et tant aimés.
Mais, l’amour n’est pas morte.
La Mónica
Comentario de La Mónica — julio 2, 2021 @ 10:11 am