2 décembre 2016.
Au peuple du Mexique :
Aux peuples du monde :Aux médias libres :
Grands sont les pas de nos peuples, sages quand ils sont collectifs, et le Congrès National Indigène tourne ses oreilles attentives pour écouter la pensée de ceux qui sommes la parole et les accords du Ve CNI, et qui continuons à être en assemblée permanente et à parcourir en ce moment tous les recoins de notre pays le Mexique.
Notre assemblée permanente germe et se réunit dans les peuples, nations et tribus de toutes les langues parlées par le Congrès National Indigène, durant des assemblées grandes ou petites, dans des réunions de conseils communaux, dans les réflexions profondes de familles dispersées, dans des forums régionaux et dans des espaces cérémoniels. Au travers de paroles collectives nous continuons à en conclure que c’est l’heure des peuples, et qu’en ses entrailles tremble la terre.
Et la peur des puissants, des entreprises extractives, des militaires et des narco-paramilitaires est telle que notre consultation se retrouve agressée et harcelée là où nos peuples se réunissent pour discuter et décider des pas à suivre en tant que CNI, motif pour lequel nous dénonçons :
Que les compañeros qui, suivant les accords de l’assemblée du Ve CNI durant le mois d’octobre 2016, se sont déplacés dans différentes géographies du pays où les peuples originaires ont voulu dialogué avec des délégué.e.s d’autres peuples au sujet de notre proposition politique, ont été victimes d’agressions et de harcèlement de la part de bandes criminelles d’inconnus, comme l’incendie d’habitations dans leurs lieux d’origine, ou des agressions entreprises par d’autres véhicules pour tenter de les faire sortir des autoroutes par lesquelles ils doivent circuler.
Que tandis que des entreprises étrangères prétendent s’emparer de 12 puits de pétrole sur le territoire zoque du nord du Chiapas, le 23 novembre 2016 dernier, un groupe d’hommes armés ont séquestré un groupe de professeurs indigènes de la Coordination Nationale des Travailleurs de l’Éducation (CNTE) de la zone nord du Chiapas en se faisant passer pour des professeurs du gouvernement et avec l’assentiment du sous-secrétaire d’Éducation Fédéralisée du Chiapas, Eduardo Campos Martínez y du chef Delfino Alegría García, en plus de les avoir attaqué avec des armes lourdes à l’extérieur du bureau du secrétariat de l’éducation de la municipalité d’Ixtacomitán, Chiapas. L’attaque sournoise a eu raison de la vie du professeur zoque Roberto Díaz Aguilar, originaire de Chapultenango, Chiapas, et trois autres personnes ont été blessées.
Que le professeur Irineo Salmerón Dircio, Coordinateur de la maison de justice de San Luis Acatlán et membre de la Coordination Régionale des Autorités Communautaires (CRAC-PC) a été enlevé par un groupe armé dans la municipalité de Tixtla, Guerrero, et porté disparu ; deux jours après son corps a été retrouvé sans vie dans la municipalité de Chilapa, Guerrero, quelques jours après que dans cette même municipalité au moins 15 communautés du Conseil Indigène et Populaire du Guerrero-Emiliano Zapata aient célébré une assemblée dans le cadre de la consultation que nous sommes en train de mettre en marche.
Depuis le coeur collectif des peuples originaires du Congrès National Indigène, nous nous prononçons pour le respect absolu du territoire du peuple Sioux à Standing Rock, Dakota du Nord, où plus de 200 tribus s’organisent pour mettre un terme à la spoliation que prétendre mettre en oeuvre les capitalistes par le biais de l’imposition d’oléoducs qui détruisent les sources d’eau et les lieux de cérémonie. Nous répudions la répression brutale dont ils ont été l’objet le 20 novembre dernier, et celle qu’ils prétendent mettre en oeuvre à travers l’annonce d’un ultimatum pour expulser leurs terres. Si les peuples originaires, nous avions répondu aux ultimatums des puissants, il y a des siècles que nous n’existerions plus. Au peuple Sioux nous adressons une embrassade fraternelle et leur réitérons qu’ils ne sont pas seuls, que leur douleur et leur rage sont aussi les nôtres. Nous appelons les peuples originaires de Etats-Unis et du Mexique, les médias libres et la société civile à renforcer la solidarité avec cette lutte historique.
Nous adressons une salutation solidaire aux compas de la communauté Chanti Ollin, adhérents à la Sixième déclaration de la Selva Lacandona, qui ont été violemment expulsés au petit jour du 22 novembre 2016 d’un immeuble où ils promeuvaient la culture, les arts et les alternatives nécessaires pour un monde nouveau, et nous répudions les politiques serviles et répressives représentées par le mauvais gouvernement de la ville de Mexico.
Nous saluons les mobilisations réalisées par le Comite de Défense des Droits Indigènes (CODEDI) originaires de la région de la Costa de Oaxaca contre les politiques répressives des mauvais gouvernements qui voient dans la criminalisation leur unique chemin, face à l’absence d’autres arguments que l’imposition de 11 projets hydro-électriques dans la région de la côte de Oaxaca, y compris le «projet d’exploitation hydraulique à usages multiples Paso de la Reyna».
De la même manière, les peuples, nations et tribus du CNI manifestons notre profond respect et notre solidarité avec le peuple cubain, qui ont donné un exemple au monde du fait qu’avec de la dignité il est possible de reconstruire les milieux sociaux mis au rebut par le capitalisme. Nous savons qu’au travers de leur résistance et de leur rébellion ils continueront à briller et à cimenter l’espoir.