Aux Scientifiques invité-e-s et aux assistant-e-s à la Rencontre «Les Zapatistes et les ConSCiences pour l’Humanité»,
Aux compañeras, compañeros, compañeroas de la Sexta Nationale et Internationale,
Frères et sœurs,
Premièrement.- Suite aux indications du Congrès National Indigène, actuellement en train de consulter les quartiers, tribus, nations et peuples originaires de l’ensemble du Mexique concernant la proposition ayant émanée de la première étape du Cinquième Congrès, nous vous informons que l’assemblée permanente du CNI s’installera de nouveau le 29 décembre 2016, au CIDECI-UNITIERRA de San Cristóbal de las Casas, dans l’état du Chiapas.
Le CNI s’y réunira autour de tables de travail les 30 et 31 décembre de l’année en cours. Lors de ces tables, ou avant si le CNI en décide ainsi, y seront connus lesrésultats de la consultation. Le premier jour de janvier 2017, l’assemblée plénière s’installera à Oventik, dans l’état du Chiapas, au Mexique, où les accords, s’il y en a, seront pris.
Les compañeras et compañeros des quartiers, tribus, nations et peuples originaires rassemblés dans le Congrès National Indigène nous font savoir qu’ils rencontrent des problèmes financiers pour se déplacer à la réunion en question ; c’est pourquoi ils demandent le soutien solidaire de la Sexta nationale et internationale, et de toute personne honnête qui souhaiterait les soutenir à ce propos. Pour cela, les compas du CNI demandent que vous vous mettiez directement en lien avec elles et eux à l’adresse électronique suivante : info@congresonacionalindigena.
Bien sûr si vous pensez qu’en se réunissant, qu’en pensant et en décidant de manière collective leurs pas et leur destin, les compas du CNI font le jeu de la droite et nuisent à l’avancée i-m-p-a-r-a-b-l-e de la gauche institutionnelle, vous pouvez posez comme condition à votre soutien qu’ils vous obéissent, ou ajouter à votre apport quelque chosedu style : «je vous laisse ces 2 pesos, mais ne vous laissez pas tromper et manipuler par la tête de torchon «.
Vous pouvez aussi tout simplement leur apporter votre soutien et, comme nous tou-te-s, essayer d’apprendre d’elles et eux.
Deuxièmement.- Nous en profitons aussi pour vous confirmer que la Rencontre «Les Zapatistes et les ConSCiences pour l’Humanité» aura lieu aux jours et lieux initialement annoncés :
Du 25 décembre 2016 au 4 janvier 2017 dans les installations du CIDECI-UNITIERRA à San Cristóbal de Las Casas, dans l’état du Chiapas au Mexique. Avec une pauseles 31 décembre 2016 et 1er janvier 2017. Si vous souhaitez y assister en tant qu’auditeur et/ou observateur, l’adresse à laquelle vous devez vous inscrire est conCIENCIAS@ezln.org.mx
Les rencontres se réaliseront donc de manière simultanée ; les expositions sur les Sciences exactes et naturelles d’un côté et les réunions de travail du Congrès National Indigène de l’autre.
C’est tout pour le moment.
Du Carnet de Notes du Chat-Chien, section «ni histoires, ni légendes»:
Ce que le Docteur John H. Watson ne racontera pas.
Montagnes du Sud-est Mexicain. Il pleut beaucoup. On arrive tout juste à entendre les cris de ceux qui continuent à creuser le mur laissent s’échapper quand ils se donnentdes indications. Certains se protègent mal de l’averse avec un plastique, mais la plupart sont en chemises, blouses, jupes et pantalons trempés, alors que de nouveau, il pleut sur la terre.
Le mur s’étend aussi loin que ce que le regard peut voir. Malgré son apparente force, il ploie de temps à autre à certains endroits de son long rideau. Il paraît que ceux qui habitent ces terres soutiennent que le mur est capable de se régénérer lui-même, et que c’est pour cette raison que leur acharnement à maintenir une brèche ouverte ne doit pas cesser. En se fiant aux histoires et légendes qui circulent parmi les habitants, on conclut que le but du mur n’est pas seulement d’éviter que l’on connaisse ou que l’on traverse l’autre côté ; il convainc également ceux qui le regardent, que plus loin, il n’y a rien d’autre, que c’est là que le monde se termine, aux pieds de sa base solide et face à l’infini extension, en longitude et altitude, de sa superficie.
A l’extérieur d’un des abris proche du mur, assise, le menton reposant sur une de ses petites mains, une petite fille regarde. Mais ses yeux ne sont pas tournés vers l’arrogante muraille, mais vers les pieds de ceux qui frappent et qui grattent le mur. Ou plutôt vers le mur recouvert de boue et de flaques.
Juste derrière elle, un être étrange, qui ressemble à un chien, ou à un chat, se protège dans le cadre de la porte. La petite fille se retourne et lui dit : «Hé toi, chat-chien, t’as pas peur de la pluie ? Moi non. Si ça me faisait peur, à quoi ça servirait que je m’appelle «Defensa Zapatista». Tu crois que si on est en plein dans le match et qu’il se met à pleuvoir on va se dire : «ah non, je ferais mieux de sortir parce que je vais me mouiller»? Rien de tout ça. Avec ta main, tu te recoiffes et comme tes cheveux sont mouillés ben ils sont lisses et a volar cuervos que te sacarán los ojos. Si je fais tout ça c’est pas pour faire du charme avec ces sales hommes. Non, c’est pour que pouvoir voir le ballon quand il va ou quand il vient. Si non, ben non. Et tu te retrouves dans l’abri pour rien, que tu sois chat ou chien tu te mouilleras. Regarde, une idée vient juste de me venir à l’esprit».
La petite fille entre dans la maison et en ressort avec des casseroles, des bassines et des boîtes de conserves vides. Elle les dispose sous les filets d’eau qui coulent depuis le bord du toit en taule. Elle avait l’air de les placer au hasard, mais non. De temps en temps elle les déplace. L’être que la petite fille nomme «chat-chien» aboie et miaule. La petite fille le regarde et lui dit : «Attends, tu vas bientôt voir ce que je suis en train de faire».
La petite fille continue à déplacer les casseroles et les pots et, à chaque changement, le son des gouttes qui frappent leur superficie se transforme. La petite fille écoute un moment et l’étrange symphonie change de nouveau de lieu et de son.
C’est ce qu’elle est en train de faire quand deux hommes arrivent. L’un est grand et dégingandé, l’autre est plus petit et de carrure moyenne. Les deux ont de beaux parapluies et le plus grand porte une veste élégante, une sorte de casquette et a une pipe posée sur ses lèvres. Ils ne disent rien, ils observent seulement la petite fille aller et venir. A un moment donné, le dégingandé à l’élégant pardessus se racle la gorge et dit : «Excusez-moi mademoiselle, vous permettez que je vous abrite avec mon parapluie ? Comme ça vous ne vous mouillerez pas pendant que vous faites… pendant que vous faites peu importe ce que vous êtes en train de faire». La petite fille le regarde alors avec hostilité et répond «Je ne m’appelle pas «mademoiselle», je m’appelle «Defensa Zapatista» (la petite fille prend alors son meilleur visage de «éloigne toi de mes casseroles et des mes pots ou tu meures»). L’interpellé acquiesce seulement avec la tête alors qu’il s’appuie contre le cadre de la porte en regardant le petit chien avec méfiance… bon, le petit chat… bon, peu importe, ce que c’est qui se trouve à ses côtés dans l’encadrement de la porte.
L’homme à l’étrange casquette observe avec attention les allées et venues de la petite fille. D’un coup, son visage s’illumine et exclame «Bien sûr ! Elémentaire ! Une chanson. Ca ne pourrait pas en être autrement».
Et en s’adressant à celui qui maintenant partage avec le chat-chient le petit espace où la pluie ne mouille pas, il dit «Attention Watson, vous avez ici quelque chose qui ne sera jamais évoqué dans une de ces romanesques vulgarisations de la science détectiviste avec lesquelles vous tourmentez vos peu de lecteurs, si vous en avez. Observez attentivement. Ce que fait la demoiselle… hum…hum… j’ai voulu dire, ce que fait «Defensa Zapatista» c’est combiner des règles de mathématiques, de physique, de biologie, d’anatomie et de neurologie. En changeant ces étranges récipients en métal de place et en les plaçant sous les différents filets d’eau, elle obtient différents sons individuels, lesquels, ensemble, produisent des combinaisons distinctes qui, je suppose, finiront par devenir une mélodie. Ensuite, en changeant les rythmes, elle obtiendra de la musique et du coup, élémentaire mon cher Watson, une chanson. Bravo !» L’homme a donné son parapluie à celui qui se trouve dans le cadre de la porte et applaudit avec enthousiasme.
La petite fille a un instant arrêté ce qu’elle était en train de faire pour écouter l’homme. Après les applaudissements, la petite fille demande «toi tu dis une tonne non ?»
«Une tonne ?», se répète l’homme et, après avoir réfléchi un instant s’exclame : «Bien sûr ! Une tonne, un ton. Oui mademoiselle, un ton et pas une tonne, même si en réalité certains tons sont très lourds».
La petite fille fronce les sourcils et éclaircit : «Je t’ai déjà dit que je ne m’appelle pas «mademoiselle», je m’appelle «Defensa Zapatista», toi comment tu t’appelles ?»
L’homme répond «Vous avez raison, c’est impoli de ne pas m’être présenté» et, en faisant une rapide révérence, il se présente : «Je m’appelle Sherlock Holmes, détective consultant. Et mon assistant, qui frissonne à cause de la pluie et du froid, est le docteur John H. Watson, vulgarisateur de la science», et, en tendant la main vers la petite fille, ajoute «Et vous, vous êtes… ah bien sûr, vous me l’avez déjà dit, «Defensa Zapatista». Un nom bizarre pour une petite fille. Bon, il semble que tout soit bizarre par ici».
La petite fille ignore la main tendue, mais montre un certain intérêt. «Détective consultant… et qu’est-ce c’est que ça ?», demande t-elle. «Je combats le crime, mademoiselle, j’enquête, j’observe, j’analyse et je mets les sciences en pratique», répond l’homme avec une modestie mal dissimulée.
«Ah, comme Elias Contreras qui est commission d’ enquête zapatiste», interrompt la petite fille.
L’homme essaye de préciser, mais la petite fille continue :
«Bon, écoute, moi j’ai déjà parlé à Elias pour qu’il intègre l’équipe, mais il s’avère qu’il est déjà décédé et qu’il est dans ce truc du mal et du mauvais, autrement dit il enquête sur le sale système capitaliste. Je lui ai dit que même mort il pouvait intégrer l’équipe, mais il dit qu’après le supmarcos l’envoie enquêter et qu’il ne peut pas venir aux entraînements. Ce qui est bizarre c’est que le supmarcos est mort aussi. J’imagine qu’ils se comprennent entre eux vu qu’ils sont tous les deux morts. Bien sûr, là on ne peut pas s’entraîner parce que le terrain est plein de boue et la balle n’avance pas, elle reste juste là, écrasée et on a beau lui donner des coups de pied, elle se bouge même pas, à peine un tout petit peu et elle redevient flemmarde. Donc tu te mets de la boue partout pour rien, et ensuite les mamans avec leur «tu dois te laver» et puis ben, à la rivière. T’aimes bien te laver toi ? Moi non. Seulement si y’a un bal, là oui, parce que pas question d’être toute pleine de boue quand ils se mettent à jouer «la chanson du moño colorado». Tu la connais toi la chanson «du moño colorado» ? Elle est bien cette chanson parce qu’il suffit de la danser comme ça (la petite fille se met à se balancer tout doucement d’un pied sur l’autre en fredonnant), c’est pas seulement sauter comme les jeunes de maintenant qui aiment ce genre de musique et qui finissent encore plus boueux que s’ils ne s’étaient pas lavés. Mais les mamans, tu crois que ça les intéresse de savoir qu’il n’y a pas de bal ? Rien, tu dois te laver ou sinon, à voir voler des vautours qui veulent t’arracher les yeux. T’as pas de mamans toi ? Bon, écoute, réfléchis-y à savoir si les mamans le savent. Elles savent de toute façon. Je ne sais pas encore trop comment ça se fait qu’elles savent, mais elle savent. Tu devrais enquêter pour savoir comment ça se fait qu’elles savent. Moi j’ai dit à Elias qu’il enquête, mais il se contente de rire, l’affreux. Et pire encore le SupMoy, tu crois qu’il nous souti
ent ? S’il traîne dans le coin et que les mamans donnent l’ordre de se laver, tu crois peut-être qu’il va te défendre ? Ben rien, qu’il faut obéir aux mamans, il dit. Moi un jour j’ai été me plaindre sur pourquoi il fait comme ça, en lui disant que si la lutte c’est de diriger en obéissant, eh ben que ce soient les petites filles qui dirigent et les mamansqui obéissent. Mais rien, il se contente de rire l’affreux.
Bon, regarde, écoute bien ce que je vais t’expliquer : il s’avère qu’on a pas completé l’équipe. Pourquoi ? Bon, eh ben parce qu’il n’y a aucune discipline, qu’ils ne comprennent pas l’organisation de la lutte. A un moment il te disent que oui ils intègrent l’équipe, t’y vas et ils ont déjà pris un autre chemin. Que pour telle raison ou telle autre. Ils ont tout un tas de prétextes. Ou alors, à cause des travaux de la lutte, qu’ils disent. Et jouer c’est peut-être pas un travail de la lutte ? Le défunt supmarcos disait que le travail des enfants c’est de jouer. Bon, il disait aussi que c’était d’étudier mais bon ne publie pas ça, hein ? Du coup, de cette manière, on peut pas compléter l’équipe, aucun sérieux comme qui dirait. Mais toi t’inquiète pas, t’impatiente pas parce que l’équipe n’est pas complète, dans tous les cas, ça prend du temps, mais on va être plus nombreux. Moi, là, comme on peut pas s’entraîner et qu»ils me laissent pas aller gratter le mur, soit disant parce qu’il pleut et que je me mouille… Tu peux y croire toi qu’ils disent ça ? Si quand je me lave, je me mouille aussi. Moi, l’autre jour, j’ai voulu lancer la discussion politique avec mes mamans et je leur ai dit que c’était pas bien de me laver vu que je me mouille, et qu’ils disent à l’école autonome que c’est pas bon que les petites filles se mouillent parce que qu’est-ce qu’il se passe si elles tombent malades, alors ?
Donc mes mamans se sont contentés de rire, je crois qu’elles ont pas compris la discussion politique parce elles ont rien dit, seulement, allez, va à la rivière, et puis lave-toi derrière les oreilles et puis là et là. Bon, toi ne te distrais pas, peu importe comment tu t’appelles, il s’avère que, comme je ne peux ni m’entraîner ni gratter le mur, alors je me suis mise à penser et à penser. Et je suis là, à penser et à penser. Mais pas à des ânneries, mais à la lutte. Donc j’ai pensé à si on avait besoin d’une musique au cas où on gagn’rait le match. Parce que s’il y’a pas de musique, on va pas être juste là contents d’avoir gagner, tu comprends ? Qu’est-ce que tu peux donc comprendre, si t’es juste là à regarder. Bon, je t’explique. Ecoute, les mamans savent, on sait pas trop comment elles font mais elles savent. Si toi t’as une question difficile, ben tu vas avec tes mamans et vlan, eh ben elles savent la réponse. Bon, eh ben figure-toi que l’autre jour mes mamans m’ont raconté une sorte d’histoire. Que le défunt aurait dit que la lutte a besoin des sciences et des arts. Moi je sais pas ce que c’est que la science et les arts, et donc mes mamans m’ont expliqué. Je pense que je vais t’expliquer, parce que je suis sûre que tu sais pas. Regarde, les sciences et les arts, c’est pas que tu fasses les choses comme tu veux, au pif, mais que d’abord t’imagines comment va être ce que tu veux faire, ensuite t’étudies comment tu vas faire et alors ensuite tu le fais, mais pas juste comme ça, mais joyeux, avec plein de couleurs et plein de musiques, tu comprends ? Bon, alors j’ai réfléchi à comment sera notre musique si on gagne le match. Ben ouais, super joyeuse mais pas de gros bal, parce que gagner un match c’est sérieux, d’autant plus si dans mon équipe j’ai que des boulets, comme le chat-chien ici présent, qui n’obéit pas, qui fait que courir et courir, et comme il a les pattes tordues ben évidemment il va de travers.
Donc la chanson ben, elle doit être joyeuse mais sérieuse. Qu’elle fasse plaisir quoi, que ça rende ton cœur heureux. Donc je suis là assise en pensant à la musique, c’est-à-dire à la tonne de la chanson et mon idée a surgi comme ça. Parce que je suis en train d’écouter le son que fait la pluie quand elle tombe, et je me rends compte que chaque petite flaque sonne différemment. J’ai donc sorti les casseroles de ma mère et un ou deux pots et bassines du collectif de en tant que femmes que nous sommes, et je suis là à écouter comment chacun sonne en collectif. Parce que c’est pas la même chose comme qui dirait individuel et collectif, figure-toi. En collectif, c’est plus joyeux, ça sonne bien. A l’inverse, individuellement, ben c’est toujours pareil, même en changeant la bassine. Mais si tu les regroupes, c’est autre chose. Bien sûr, le truc c’est de trouver comment tu les regroupes pour que ça sonne super joyeux. Tu comprends ? C’est-à-dire, que c’est là où tu fais intervenir les sciences et les arts et ça devient complet. Pas comme le Pedrito qui prétend savoir chanter, mais il sait que des trucs de Pedro Infante. Tu crois qu’il sait des chansons d’amour ? Non, que des trucs de chevaux et d’ivrognes. Et en vain, car Pedrito il boit pas d’alcool deux fois, c’est-à-dire, il ne boit pas parce que c’est un enfant et il ne boit pas car il est zapatiste. Tu crois peut-être que tu vas te trouver ton épouxe si tu lui chantes des trucs de chevaux ? Non, rien, jamais jamais. Et encore moins si la chanson est un truc d’ivrognes.
Moi, si on me chante des trucs de chevaux, ça sert à rien, parce que j’en ai un, seulement il est borgne, autrement dit il a un oeil qui voit et un autre qui ne voit pas. Bon, la stricte vérité c’est que c’est pas mon cheval à moi, parce qu’il a pas de propriétaire. Personne sait d’où il est venu, il est seulement apparu d’un coup sur le terrain. Moi je l’ai comme qui dirait je me suis empressée de le recruter dans l’équipe et je l’ai mis dans les cages, mais comme il voit pas bien, ben j’ai dû moi-même me mettre en défense. Bon, mais si on me chante un truc d’ivrognes, alors là oui, des coups et a volar cuervos que te sacarán los ojos. Les mamans disent que boire ça sert à rien, que ça rend les hommes abrutis. Bon, que ça les rend encore plus abrutis quoi. Et qu’ensuite ils frappent les femmes. Bien sûr, maintenant c’est différent car on se défend en tant que femmes que nous sommes. Moi, en tant que defense zapatiste, je m’entraîne aussi pour que les hommes ne m’embêtent pas quand je serai plus grande, c’est à dire quand je grandirai et que je serai une célibataire. Mais te distrais pas, note-le dans ton carnet ce que je t’ai expliqué, note que les sciences et les arts sont très importants…»
Le chat-chien commence alors à aboyer et à miauler. La petite fille se retourne pour le regarder et lui demande «C’est bon ?» Le chat-chien ronronne et grogne. La petite fille se met précipitamment sous l’abri, juste au moment où la pluie coupe sa jupe humide et le ciel s’éclaire.
Il ne pleut plus quand la petite fille sort en courant de l’abri avec un ballon dans ses petites mains. Le chat-chien sort en courant derrière elle.
Alors qu’elle s’éloigne, la petite fille parvient à crier : «Bon quand tu termineras de prendre tes notes, tu viens. T’inquiète pas si l’équipe n’est pas encore complète. Parfois ça prend du temps, mais oui, on va être plus nombreux».
L’homme que l’on appelle «Docteur Watson», ferme son parapluie et tend la main pour s’assurer qu’en effet, il ne pleut plus. L’homme à la casquette ridicule continue de regarder la petite fille s’éloigner. Il sort ensuite une loupe de sa gabardine et s’arrête pour analyser chacun des récipients alors muets, sans pluie qui les fait chanter.
«Intéressant, mon cher Watson, très intéressant. Je crois que ça vaudrait la peine de rester quelques temps dans les parages. L’atmosphère est pure et le brouillard me rappelle le Londres de la rue du boulanger», dit le grand homme mince alors qu’il tend les bras pour mieux aspirer l’air des montagnes du sud-est mexicain.
«Rester quelques temps, Holmes ? Pourquoi ?», demande l’autre homme alors qu’il secoue quelques gouttes de pluie persistantes, «je ne crois pas que nous soyons d’une grande aide, même s’il semble que cette petite fille souffre de diarhée verbale, un tranquilisant ne ferait pas de mal… à celui qui doit l’écouter».
«Non, Watson, on ne va aider personne. Je suis juste venu voir une vieille connaissance. Mais je crois que ça va être difficile de le trouver… pour le moins de le trouver en vie», dit l’homme en rangeant la loupe, et il se met en marche.
L’autre homme se dépêche de le rattraper tout en demandant «Et alors qu’est-ce qu’on va faire ici Holmes ?»
«Apprendre, mon cher Watson, apprendre», dit l’homme alors qu’il ressort sa loupe et s’arrête pour regarder un insecte.
Musique «Baker Street», avec Raphael Ravenscroft au soxophone. 1978. Photographies de Sherlock Holmes et du docteur Watson de la série “Sherlock”, série de télévision britannique réalisée par la BBC, avec Benedict Cumberbatch (dans le rôle de Sherlock Holmes), et Martin Freeman (dans le rôle du Docteur Watson). Coproduite par Hartswood Films et WGBH, la série a été créée par Steven Moffat et Mark Gatiss. Accompagnés d’une broderie (tout d’abord délimité et puis une fois terminée) des insurgent@s zapatistes pour le Festival CompArte, 2016, sur le Thèma “Defense Zapatiste et l’Hydre”. L’image de la poupée dans le baby-foot a été prise en 2013 par un enfant de 9 ans qui a assisté à la petite école zapatiste, il a vu le baby-foot et il a placé la petite figurine telle qu’elle apparait. Les illustrations qui apparaissent à la fin de la vidéo sont de l’équipe de souten CVI, section «Tercios Compas».
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