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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Mar262017

«C’est la faute de la fleur»

«C’est la faute de la fleur»

27 décembre 2016.

«Le 30 février 2016, la revue électronique suédoise «River’s Scientist Research Institute», spécialisée sur les thèmes scientifiques, a publié une étude qui pourrait peut-être révolutionner les sciences et leur application à l’environnement social.

Un groupe de scientifiques dirigés par les docteurs suédois Stod Sverderg, Kurt Wallander et Stellan Skarsgard a présenté une analyse multidisciplinairecomplexe qui est arrivée à une conclusion qui paraitra scandaleuse: il existe une relation directe entre l’augmentation de la quantité et de la qualité des mouvements féministes et la diminution du taux de natalité.

Combinant des méthodes statistiques, d’embryologie, de biologie moléculaire, de génétique et d’analyse comportementale, les scientifiques établissent que l’augmentation de la diversité et de l’hostilité du féminisme provoque une inhibition de la libido chez les hommes, ce qui réduit la fréquence des activités sexuelles reproductives.

Mais pas seulement. Les analyses en laboratoire montrent aussi que les spermatozoïdes des hommes exposés à l’activité féministe sont plus vulnérables que ceux des hommes qui n’y sont pas confrontés. Ce qu’on connait sous le nom de astebizisoermia, ou syndrome du «spermatozoïde paresseux», est plus présent chez la population masculine des sociétés où le féminisme occupe une place importante dans les relations sociales. Selon la prestigieusepublication en question, le docteur Everet Bacstrom du «Rainn Wilson Institute», dont le siège est à Londres, en Angleterre, a confronté les résultats de la recherche à un échantillon d’hommes européens, de classe moyenne, de race blanche et anglo-saxonne, et est arrivé à la même conclusion.

Pour leur part, les activistes féministes européennes Chloë Sevigny et Sarah Linden, consultées par la publication, ont déclaré que tout cela n’était qu’un sale stratagème de ce qu’elles ont appelé «le scientisme patriarcal».

Entre temps, le centre international de consulting pour les gouvernements «Odenkirk Associated», a déclaré, par le biais de ses porte-paroles James Gordon et Harvey Bullock, qu’ils recommandaient aux dirigeants des pays développés, je cite textuellement, «d’inhiber l’activisme et l’hostilité des groupes féministes», pour relever le taux de natalité de ces pays. De la même façon, ils ont déclaré qu’ils recommanderaient aux gouvernements des pays du Tiers Monde, principalement en Afrique et en Amérique Latine, d’encourager l’apparition et la participation de groupes féministes, principalement dans les zones marginalisées, afin de réduire le taux de natalité dans ces secteurs et éviter ainsi la prolifération des troubles sociaux.

Consultées à ce sujet, les conseillères de la Communauté Economique Européenne Stella Gibson et Gillian Anderson ont refusé de confirmer ou de démentir que l’étude citée serait la base de la nouvelle politique internationale de l’Europe vis-à-vis du Tiers Monde.»

Et bien voilà! Ce que je vous ai lu est un exemple du nouveau journalisme scientifique. Même si c’est une invention complète de ma part, on vous l’offre comme cadeau de fêtes de fin d’année. Récupérez-le et faites une expérience: publiez-le.

N’ayez pas recours à la presse écrite. A part l’auteur de ce texte et un nombre de personnes de plus en plus réduit, plus personne ne lit les journaux et lesrevues pour s’informer. Pire: même ceux qui écrivent dans ces médias ne les lisent pas, ils regardent seulement les références qui sont faites de leurs textes sur les réseaux sociaux; et pire encore, ce sont les réseaux sociaux qui leur dictent le thème qu’ils doivent traiter. Il y a à peine quelques mois, j’ai lu un «leader d’opinion» et «analyste spécialisé» demander aux personnes qui le «suivent» quel thème il devait traiter dans sa chronique journalistique: «favourite, si sur la candidate du Conseil National Indigèniste» (sûr qu’il l’a écrit comme cela), «redite, si sur le grand camarade et dirigeant, soleil de notre chemin et illustre constructeur de l’avenir». Je n’ai pas besoin de vous dire que ce sont les rt qui ont gagné.

Non, si vous voulez avoir une «répercussion médiatique», il faut avoir recours, comme première source de diffusion, aux réseaux sociaux.

Cherchez une star des réseaux sociaux, par exemple, un adolescent twittstar avec des centaines de milliers de followers, quelqu’un toujours préoccupé de donner à ses fans la matière qui promeut la tolérance critique, le débat rationnel et la réflexion profonde (des choses qui, évidemment, se trouvent en abondance dans ce réseau social stimulant). Quelqu’un comme, par exemple, John M. Ackerman (253 000 followers). Oui, je sais que je parlais d’un adolescent, et Monsieur John Ackerman a déjà beaucoup de chemin derrière lui, mais je parle d’âge mental, alors soyez compréhensifs.

Ensuite, «suivez-le» et faites en sorte qu’il ne vous bloque pas. Pour cela, c’est très simple, il ne faut rien écrire de moyennement intelligent. Il suffit de remplir son «journal» de «rt» (redites) de toutes les grandes et solides vérités qui émanent du clavier du personnage en question. Et ça ce n’est pas non plus compliqué, parce que vous pouvez configurer votre compte pour que les rt soient automatiques.

Bien, maintenant vous avez seulement besoin de convaincre cet «influencer» de mettre une courte référence à l’étude mentionnée, et ses centaines de milliers de «followers», automatiquement, lui mettront fav et rt.

Ainsi l’étude «scientifique» sera un succès et la base de futures analyses, colloques et tables-rondes, et entrera dans la débordante bibliothèque des théories du complot.

Non, vous n’aurez pas à vous préoccuper que quelqu’un prenne la peine d’analyser de manière critique le message supposément scientifique, et se rende compte que:

– Il n’y a pas 30 jours en février.
– «River» est une série policière britannique dans laquelle le protagoniste, John River, est interprété par le suédois Stellan John Skarsgård.
– Stod Sverderg et Kurt Wallander sont des personnages de la série policière suédoise «Wallander».
– Everet Bacstrom est le nom du personnage principal de la série policière «Bacstrom» et Rainn Wilson est le nom de l’acteur.
– Chloë Sevigny est le nom de l’actrice qui joue le rôle de Catherine Jensen dans la série policière danoise «Those Who Kill»
– Sarah Linden est le nom du personnage principal de la série policière nord-américaine The Killing, jouée par Mireille Enos.
– Bob Odenkirk est le nom de l’acteur principal de la série «Better Call Saul», série soi-disant prologue de Breaking Bad.
– James Gordon et Harvey Bullock sont des personnages de la série «Gotham».
– La Communauté Economique Européenne n’existe plus. Elle a disparu en 2009 pour devenir l’Union Européenne.
– Et Stella Gibson et Gillian Anderson sont respectivement le personnage principal et l’actrice qui joue ce rôle dans la série «The Fall».

Excusez-moi ici si ma prononciation en anglais est loin de l’étiquette des colloques scientifiques internationaux, et ressemble plus à du «wet back»des années 40, mais la solidarité avec les migrants latinos qui subissent le cauchemar Trump a des voies insoupçonnées et pas toujours évidentes. En tout cas, qui lit ces lignes plutôt que d’écouter ces mots, n’aura à faire aucun lien avec l’horreur qui a déjà cours au nord du rio Bravo.

Bien sûr, il aurait suffi qu’un d’entre vous «google» les références principales pour se rendre compte que la soi-disante «étude scientifique» décrite n’est qu’une escroquerie.

-*-

Faut-il que la science s’inquiète de ces fraudes qui réduisent le travail scientifique à une caricature de consommation de masse?

Pensez-vous avoir seulement à faire face à la religion et au créationnisme? La religion est la religion, elle ne prétend pas être scientifique. Par contre, la pseudo-science est un problème majeur. Si vous croyez être à l’époque des Lumières et êtes heureux de ridiculiser les paradigmes religieux et de gagner les enquêtes de popularité des émissions de télévision en streaming où s’affrontent les athées contre les croyants, vous ne vous êtes pas rendus compte de la brèche qui s’est ouverte sous la ligne de flottaison des sciences.

Les pseudo-sciences ou sciences fausses n’ont pas seulement de plus en plus d’adeptes, mais elles se transforment en une explication acceptée de la réalité.

Si vous ne me croyez pas, suivez une thérapie de quartz ou d’équilibre bioénergétique. Ou inscrivez-vous à un diplôme de «Théorie de la Science» dans la section d’études supérieures d’une université respectable, et vous serez surpris de devoir étudier une matière qui s’appelle «philosophie scientifique» ( l’oxymore qui vous poursuit depuis bien avant les légendes de Prométhée, Sisyphe ou Thésée).

Croyez-le ou non, avec les temps obscurs qui arrivent, les sciences se déplacent déjà du banc des accusés à l’échafaud social.

Je reviendrai de manière plus poussée sur ce point à une autre occasion.

Mais maintenant, et voilà où je voulais en venir, pourquoi, tout comme vous, vous devez faire face à l’invasion de ces fausses sciences, nous, femmes et hommes zapatistes, affrontons cela et d’autres choses encore.

-*-

Pendant notre participation à la première session générale d’hier, je vous ai présenté quelques-unes des questions que mes compañeras et compañeros qui ont été sélectionnés pour être vos élèves, ont préparé.

Ce ne sont pas mes questions. Si c’était les miennes, elles seraient d’un tout autre style. Ce seraient des questions du style : Quel lien y a-t-il entre la soupe de courgettes et la déficience cognitive? Quelles sont les qualités nutritives de ce prodige alimentaire qu’est la glace aux noix? Les injections sont-elles une forme pseudo-scientifique de la torture? Etc.

Du coup la seule chose que j’ai faites avec les questions de mes camarades a été de les regrouper. J’ai mis de côté certaines questions car j’ai supposé qu’elles trouveraient réponse pendant les présentations et pour une autre raison que, s’il reste du temps, je vous expliquerai.

Ces 200 compañeras et compañeros, 100 femmes et 100 hommes, ont été sélectionnés pour assister, c’est-à-dire qu’ils ont des comptes à rendre à des collectifs. Leur présence ici n’obéit pas à un intérêt ou un bénéfice personnel. A leur retour, ils doivent faire un bilan de la rencontre à leurs collectifs, ce qu’ils y ont appris ou non, ce qu’ils ont compris ou non. Ils sont donc obligés de socialiser la connaissance. C’est la raison pour laquelle vous voyez ces camarades écrire et écrire dans leurs carnets, et qu’ils se consultent entre eux avec une agitation que je doute que vous retrouviez chez les étudiants de votre académie.

Tout ça pour vous dire que, bien qu’en apparence vous soyez en face de 200 personnes encagoulées, en réalité vos paroles arriveront à des dizaines de milliers d’indigènes parlant différentes langues originaires.

Oui, ça fait un peu peur. Ou très peur, c’est selon.

L’intérêt pour la science des communautés zapatistes est légitime et réel. Mais il est relativement nouveau. Ça n’a pas toujours été ainsi. Cela répond à une des transformations expérimentées par notre lutte, à notre processus de construction de notre autonomie, c’est-à-dire de notre liberté.

Cela, le camarade Sous-commandant insurgé Moisés vous l’expliquera plus en détail dans la session de demain. Pour le moment, je m’arrêterai seulement sur deux détails:

1. – Les communautés indigènes zapatistes, représentées ici par ces 200 transgresseurs du stéréotype de l’indigène qui règne dans la droite et la gauche institutionnelle, ne conçoivent pas cette rencontre comme un événement unique. Pour que vous compreniez : ce n’est pas une aventure passagère. Eux, les peuples zapatistes, espèrent que cette première rencontre soit le début d’une relation stable et durable. Ils espèrent rester en contact avec vous, maintenir un échange continu. Ou, comme on dit dans les villages: «que ce ne soit ni la première, ni la dernière fois».

2.- Le fonctionnement de notre fonctionnement. Pour que vous ne vous désespériez pas et pour que vous compreniez pourquoi il n’y a pas de questions après chaque exposé, permettez-moi de vous expliquer quel est notre mode de fonctionnement en tant qu’élèves.

Nous, nous n’envisageons pas les problèmes de manière individuelle. En tant qu’étudiants, nous fonctionnons aussi de manière collective. Chacun prendses notes et, après la classe ou la discussion, on se réunit collectivement et on complète les notes prises par tout le monde. Ainsi, si quelqu’un a été distrait ou a compris autre chose, les autres complètent ou éclaircissent les choses. Par exemple, à la conférence d’hier, celle du physicien lue par la Docteur, il y a une partie où il souligne que quelqu’un pourrait dire qu’il n’y a pas d’avancées dans les sciences si l’on compare aux pays développés, parce qu’au Mexique, nous sommes des indios, des bêtas. Un camarade zapatiste était assez contrarié, parce que selon lui, le physicien était en train de nous critiquer pour les indigènes que nous sommes, et nous rendait responsables du fait qu’il n’y ait pas d’avancées scientifiques dans notre pays. Lors de la récapitulation collective, il lui a été expliqué que le physicien ne disait pas ça, mais qu’au contraire, il critiquait ceux qui disaient ça.

Avec les questions, c’est la même chose. D’abord, ils s’interrogent entre eux sur leurs doutes. Ainsi, une bonne partie des questions sont éclaircies parce qu’elles étaient le fruit d’une inattention, d’une mauvaise prise de notes ou d’une incompréhension de ce qui se disait. Une bonne partie des questions, ils y répondent entre eux. Et là, au final, il reste les questions qui effectivement, sont des doutes collectifs.

Je sais que pour vous, ça peut paraitre un processus pénible et long, et que plus d’un, d’une est déçu(e) en pensant que nous ne participons pas, ou que vous n’avez pas su capter notre attention. C’est une erreur : après que les collectifs de chaque zone se soient réunis, ils mettront les questions qui leur sont venues à l’esprit par écrit et on vous les fera parvenir par le même moyen que celui utilisé pour les inviter à la rencontre. Si nous nous mettons tout au moins d’accord sur un moyen et une manière de communiquer.

Bien sûr, tout ça part de la conviction qui est la nôtre que cette rencontre n’est que la première de beaucoup, et que toutes et tous, vous garderez le contact avec vos élèves, et, à travers elles et eux, avec des dizaines de milliers de zapatistes.

Alors, soyez patients. Soyez au moins aussi patients que lorsque vous entreprenez vos recherches et vos expériences, ou que vous désespérez d’obtenir les financements pour vos projets.

Cela étant dit, permettez-moi de vous proposer la méthodologie zapatiste par excellence, qui est de répondre à une question par une autre question.

De cette façon, vous devriez commencer vos réponses par une question fondamentale : pourquoi posent-ils cette question?

Bien, je vous explique. Du fait du mode de fonctionnement zapatiste, notre action dans les communautés ne prétend pas dominer ni homogénéiser. C’est-à-dire: nous ne nous fréquentons pas seulement entre zapatistes, ni ne prétendons que tous le sont. Alors que nos faux-pas et erreurs restent seulement les nôtres, nos réussites et avancées, nous les partageons avec ceux qui ne sont pas zapatistes et même avec ceux qui sont antizapatistes. Pour comprendre le pourquoi de ce mode de fonctionnement, il serait nécessaire d’étudier notre histoire, quelque chose qui dépasse de loin les ambitions de cette rencontre.

Il suffit de dire pour le moment que, par exemple, les promoteurs de la santé aident aussi les gens des partis. Et donc que, si un promoteur de la santé vaccine, il n’est pas rare qu’il se confronte au refus des gens des partis parce que, selon eux, les vaccins ne sont pas naturels,qu’ ils sont toxiques, qu’ils rendent malades, qu’ils introduisent des maux dans le corps et d’autres supercheries qui sont dues, à chacun sa responsabilité, à l’imposture que constituele système de santé gouvernemental. En effet, les plus grands et les meilleurs promoteurs de la mauvaise santé dans les communautés des partis, ce sont les autorités gouvernementales.

C’est pour cela que, face des propos des gens des partis, la promotrice de santé cherche comment argumenter et convaincre que si, c’est bien de vacciner. C’est pourquoi il est logique qu’une des questions que je vous ai lue hier soit : Scientifiquement, est-il nécessaire de se vacciner et pourquoi? ou y a-t-il d’autres moyens et/ou d’autres formes de remplacer les vaccins par autre chose? Par exemple, pour les maladies comme la coqueluche, la rougeole, la variole, le tétanos, etc. A travers cette question, ils vous demandent plus d’arguments.

C’est la même chose avec les promoteurs d’éducation, les animatrices de radio communautaire, les autorités et les coordinations de collectifs.

Un autre exemple : quand dans une communauté, une personne se convulse ou tombe malade et présente des symptômes étranges, les gens des partis commencent à dire que c’est quelqu’un qui a fait de la sorcellerie. Comme les accusations de sorcellerie terminent habituellement en lynchages, les zapatistes s’efforcent de convaincre les gens des partis qu’il n’y a rien de la sorte, que les convulsions ont une explication scientifique et non magique, et que ce n’est pas de la sorcellerie mais plutôt de l’épilepsie, ce qui provoque ces attaques. C’est pour cette raison qu’ils vous posent des questions sur le surnaturel, les sciences occultes, la télépathie, etc. Il n’y a pas de statistiques sur cela mais plus d’un des partis doit au néozapatisme le fait de ne pas avoir été lynché pour sorcellerie, mauvais œil, et d’autres choses similaires.

Il y a aussi des questions sur des sujets sur lesquels ils ont reçu des opinions contradictoires. Par exemple, les produits transgéniques. Il y a ceux qui disent qu’ils sont néfastes et il y a ceux qui disent que non, ou pas comme on le croit. Du coup les compas demandent des preuves scientifiques, et non des slogans, sur l’une ou l’autre position.

Hier, la biologiste nous parlait d’une enquête qui a été réalisée, il me semble, sur les réseaux sociaux. Elle nous a dit que quelqu’un lui a répondu qu’il y participerait quand serait inclus dans les réponses quelque chose comme «la science est un mal».

Bon, dans les communautés zapatistes, arrivent tous types de gens. La majorité qui nous dit ce que l’on doit ou ne doit pas faire. Il y a des gens qui arrivent, par exemple, qui nous disent que c’est bien de vivre dans des maisons avec un sol en terre et des murs en boue et en argile; que c’est bien de circuler pieds nus; que tout cela est bénéfique pour nous car cela nous met en contact direct avec la mère nature et qu’on reçoit ainsi directement les effluves bénéfiques de l’harmonie universelle. Ne rigolez pas en pensant que je caricature, je suis en train de transcrire textuellement l’évaluation d’un ancien élève de l’école zapatiste.

«La modernité est mauvaise», disent-ils, et ils y incluent les chaussures, le sol, les murs et le toit en matériau, et la science.

Bien sûr, la science n’a pas grand-chose en sa faveur. C’est de sa main que viennent les mines à ciel ouvert, les machines pour bâtir hôtels et lotissements immobiliers, les cultures imposées par les cadeaux et des programmes gouvernementaux de «progrès».

On dit que la religion est arrivée aux communautés indigènes par le glaive, c’est sûr. Mais on oublie que les pseudosciences et les antisciences arrivent parla main des bonnes vibrations, du naturisme comme néo-religion, de l’ésotérisme comme «sagesse ancestrale», et des micro-doses comme néo-médecine.

Je comprends que ces choses fonctionnent dans les établissements hipsters de San Cristóbal de Las Casas ou des gens de Coyoacan plus proches de vos cœurs, et que vous rêvez bien tout en se faisant un petit bœuf musical (donnes un peu pour l’orchestre…), tout en buvant des smartdrinks et en consommant des drogues douces. Ok, chacun s’évade de la réalité selon son budget. Nous ne le jugeons pas.

Mais comprenez que l’objectif que nous nous sommes proposés d’affronter en tant que zapatistes que nous sommes, recquiert des outils qui, j’ai peur d’endécevoir plus d’unE, peuvent SEULEMENT nous être fournies par les «sciences scientifiques», qui sont, comme le Sous-commandant insurgé Moisés les appelle, les sciences qui «sont bien des sciences», à la différence des sciences qui ne le sont pas.

-*-

Hier on nous a aussi parlé d’une expérience de quelque chose du style «science et genre». Je crois que ça se déroulait comme ça : on mettat en concurrence un homme et une femme pour un poste au sein de l’académie, l’une et l’autre avec un CV identique; la sélection était faite tout à la fois par la même quantité d’hommes que de femmes; ils ont sélectionné l’homme; on leur a demandé pourquoi ils avaient sélectionné l’homme plutôt que la femme et ils ont répondu que la femme était soumise, conciliante et faible.

Bien sûr, ma composition chimique inclut les œuvres complètes de José Alfredo Jiménez et Pedro Infante, du coup j’ai fêté la décision prise. Mais ensuite, avec le SubMoy, nous sommes restés pensifs à faire les comptes.

Nous avons demandé à l’insurgée Erika (ici présente) ce qu’elle pensait de ceci. Elle, à son tour, m’a demandé ce que signifiait «soumise». Je lui ai répondu «obéissante». Ensuite ce que voulait dire «conciliante». Je lui ai répondu «qui ne se bat pas, qui ne veut pas s’imposer, qui cherche à tomber d’accord ». Pour le mot «faible», elle a dit qu’elle comprenait. Elle a réfléchi un moment et nous a répondu : «je crois que je ne connais pas ces choses».

Alors, excusez-moi si nous vivons dans un autre monde, mais nous ne connaissons aucune compañera qui soit soumise, conciliante et faible. Peut-être que parce que si elles l’étaient, elles ne seraient pas zapatistes.

Cependant, je crois que sur ces terres, cette expérience aurait peut-être le même résultat, mais pour les raisons contraires. C’est-à-dire qu’ils choisiraient l’homme précisément parce que la femme n’est pas soumise, ni conciliante, et encore moins faible.

Et je vous fais part de cela, à cause de ce que je vais expliquer par la suite :

L’anecdote m’a été racontée par le Sous-commandant insurgé Moisés et je vous la raconte ici, après avoir confirmé avec lui les détails.

Ca devait être dans un «caracol», lors d’une réunion pour le cours de l’Hydre que l’on donnait à des messagers et messagères, mais ce n’est pas sûr.

Le truc c’est qu’une jeune camarade était tombée sur le SubMoy et lui a dit quelque chose comme «Hé compagnon sous-commandant, j’ai un doute, voyons si tu peux le résoudre» (le changement continu du féminin au masculin dans la même phrase ne doit pas vous surprendre, ça fait partie de la «façon» dont on parle la castille dans beaucoup de communautés).

Le SubMoy lui a répondu «bien, camarade, dis-moi et si je sais, je te réponds; et si non, alors nous verrons comment nous ferons».

Ca se voyait que la jeune fille retournait la question dans sa tête depuis des jours, du coup, elle la posa sans hésiter :

Pourquoi cette fleur est de cette couleur, pourquoi elle a cette forme, pourquoi elle a cette odeur?

Elle n’en est pas restée là. On sentait qu’elle avait passé l’obstacle principal (poser la question), alors elle a continué :

«Et je ne veux pas que vous me répondiez que la Terre-Mère, avec sa grande sagesse, a créé la fleur, ou Dieu, ou je ne sais qui. Je veux savoir quelle est la réponse scientifique».

Le SubMoy aurait pu répondre ce que n’importe quel militaire, de droite ou de gauche, aurait répondu : que la camarade laisse tomber les bêtises et qu’elle aille prendre la relève ou retourne au travail qui l’occupait, ou qu’elle se mette à étudier les 7 principes, ou qu’elle apprenne bien l’explication de l’Hydre; ou peut-être qu’il l’aurait remise à la JBG ou au MAREZ (Municipalité autonome rebelle zapatiste) ou à la commission de l’éducation ou de la santé.

Il aurait pu faire cela, mais il ne l’a pas fait. Le SubMoy m’a expliqué ce qu’il lui avait répondu. Mais je continuais à penser à la multitude d’options qui, dans des calendriers et géographies différents, auraient pu inspirer d’autres réponses.

C’est pourquoi, selon moi, en alchimiste original et anachronique, j’ai pensé que la camarade zapatiste n’attendait pas que le SubMoy lui réponde pourquoi la fleur nommée était la fleur qu’elle était, mais qu’il capterait, comme on dit, la complexité que cette fleur inspirait.

Seulement la question et celle qui l’avait posée, entrainait déjà un séminaire complet de l’histoire du zapatisme. Non, je ne vais pas vous accabler en vous racontant ce qui sûrement ne vous intéresse pas. Vous maintenant, comme moi donc, êtes plus intéressés par la réponse apportée par le SubMoy à la camarade.

Le SubMoy m’a raconté, avec un ton posé et pédagogique qui est son style, qu’il s’est rendu compte que, derrière cette question, il n’y avait pas seulement une petite question, mais une question encore plus grande.

Une question qui avait quelque chose à voir avec les changements qu’il y a dans les communautés zapatistes.

La jeune camarade, à la différence de sa mère et de sa grand-mère au même âge, a déjà refusé deux demandes en mariage («au cas où je pense à me marier», fut la réponse que reçurent les deux prétendants qui, avant de faire leur demande, avaient vidé le flacon de parfum et s’étaient peignés avec du gel qui allait leur durer des siècles); elle parle couramment deux langues, sa langue maternelle et la castille; elle sait lire et écrire avec une justesse que voudraient avoir les étudiantes de licence de certaines universités nationales; elle a suivi les cours de primaire et de collège autonomes; elle est devenue promotrice en santé et des Tercios Compas [automédias de l’EZLN, NdT] ; elle utilise sans difficulté l’ordinateur et 3 systèmes d’exploitation distincts (iOS, Windows et Linux), ainsi que la caméra et des programmes d’édition de vidéos; et elle navigue avec facilité sur internet, bien sûr, à chaque fois que le climat atmosphérique permet au contact satellite de la JBG de dépasser la barrière de téléchargement des 0,05 kilobites par seconde, et que la limite contractée n’a pas été épuisée malgré les plaintes des communautés.

Avec ces antécédents, c’était sûr qu’elle ne se satisferait pas d’une réponse du style «la Terre-Mère, avec son infinie sagesse, a fait cette fleur ainsi parce que tout est harmonie grâce à la force universelle qui émane de la nature» (ici, vous pouvez tous fermer les yeux, vous prendre par la main et répéter après moi «ommm, ommmm»).

Ou ce serait logique de penser que, quand sa mère, pour toute réponse à la question, l’aurait envoyé chercher de l’eau ou du bois, la jeune fille l’aurait fait sans rouspéter, mais en ruminant la question sur les 4 km pour aller chercher le bois, ou les 2 km pour aller chercher l’eau.

Bien sûr, si je vous dis que la jeune zapatiste à la question s’appelle “Azucena” (lys), ou “Camelia”, ou “Dalia”, ou “Jazmín”, ou “Violeta”, ou, bien sûr, “Flor” (fleur), vous allez penser que les évidences absurdes ne sont toujours pas suffisantes pour changer quelque chose, alors non, elle n’a aucun de ces noms là. Et je ne vous dirai pas la vérité, à savoir que la camarade s’appelle Rosita, sa maman Rosa et sa grand-mère Rosalia. Imaginez l’horreur si la camarade a une enfant fille, c’est sûr qu’elle l’appellerait «Rositía».

Bon, le fait est que, quand quelques jours plus tard, le SubMoy m’a dit qu’on devait réfléchir à comment contacter des scientifiques, j’ai eu la même réaction de surprise que vous avez eu quand vous avez vu le titre de cette intervention. Bien sûr le SubMoy n’y a pas fait allusion, ce qui m’a obligé à lui demander: «et pourquoi, c’est quoi l’idée?»

Le SubMoy a allumé une cigarette et m’a répondu laconiquement: «C’est la faute de la fleur».

Moi, à mon tour, j’ai allumé ma pipe et suis resté silencieux, mais j’ai pris un air de «ah! enfin?». Non, bien sûr que non, j’ai pris un air de «What???». Nan, non plus. mais j’ai pris un air de quelque chose, parce que je ne portais pas de passe-montagnes et le SubMoy a ri et m’a expliqué ce que je vous ai expliqué plus tôt.

Le contexte, pour ainsi dire, de la question, et de la réponse, est ce dont vous parlera le SubMoy demain.

Donc si on vous demande, Mesdames, Messieurs les scientifiques, quand vous serez de retour dans vos mondes, pourquoi il y a eu cette rencontre, ou bien à quoi vous avez assisté, ou de quoi ça traitait, ou comment c’était, vous pouvez commencer votre longue ou courte réponse par : «C’est la faute de la fleur».
Merci beaucoup,

Depuis le CIDECI-Unitierra, San Cristóbal de las Casas, Chiapas, México, Amérique Latine, planète Terre, Système Solaire, etc.

SupGaleano.

27 décembre 2016.

Notes du carnet du Chat-Chien:
Défense zapatiste, l’art et la science.

On n’a pas pu éclaircir vraiment la raison. Certains disent que c’était un pari. D’autres disent que le Pedrito a dépassé les bornes et voilà. Certains signalent que c’était seulement un exercice. Les moins nombreux parlent d’un match de foot dans toute sa splendeur, se mettant d’accord sur les dernières secondes, quand l’arbitre, SupMoisés, a décrété le penalty.

Toujours est-il que la petite fille Défense Zapatiste est à quelques mètres de la zone de penalty, où un ballon effiloché attend.

Dans les cages, le Pedrito balance ses bras comme le goal qui appartenait à ce qu’était anciennement la sélection de football de ce qu’était anciennement l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques: Lev Yashin, «l’araignée noire». Pedrito a un sourire narquois, puisque selon lui, il est capable de prédire où la fille dirigera son tir: «Défense Zapatiste est parfaitement prévisible. Comme elle rentre juste de la discussion des messagères, c’est sûr qu’elle tirera en bas à gauche».

De son côté, la petite fille, qui s’élève à à peine un peu plus d’un mètre du sol, se retourne pour regarder vers un côté du terrain (en réalité c’est un enclos dans lequel débarquent, impertinentes, des vaches avec des veaux, en plus d’un cheval borgne).

Dans ce coin, on peut voir un étrange être, moitié chien, moitié chat, remuant joyeusement la queue; et deux individus desquels, si on n’était pas en terres zapatistes, on pourrait dire qu’ils dénotaient totalement avec le paysage. Le premier, de constitution moyenne, les cheveux grisonnants et courts, portant une espèce de gabardine. L’autre, maigre, grand et gauche, avec un élégant caban et un chapeau ridicule sur la tête.

La petite fille se dirige vers le groupe étrange. Le cheval borgne s’approche aussi. Quand ils sont tous réunis, l’homme maigre dessine des figures étranges sur le sol, alors que la petite fille regarde avec attention et acquiesce de temps en temps avec la tête.

La petite Défense Zapatiste retourne sur le terrain et reprend sa position. Elle commence quelques foulées vers le ballon, mais le suit de loin, sans même toucher la sphère, et reste à quelques centimètres du côté droit des cages défendues par le Pedrito, qui regarde la fille avec méfiance. Défense Zapatiste s’est arrêtée et, accroupie, elle commence à gratter un peu le sol, de sorte à pouvoir déterrer une fleur avec sa racine. Avec précaution, la fille prend la fleur entre ses mains, et la plante de nouveau loin du but et retourne sur le terrain.

Le public est en haleine, pressentant qu’il est en train de se passer un de ces événements qui ne se répétera jamais dans l’histoire du monde mondial.

Le Pedrito, de son côté, est plus que confiant. Au cas où il avait encore quelques doutes, Défense Zapatiste a commis une grave erreur: en retirant la fleur de l’endroit où elle se trouvait, la petite fille a dévoilé la direction que prendra son tir : en bas à gauche de Pedrito. Bien sûr, s’est dit Pedrito, cela parce que les filles prennent soin des fleurs, alors Défense Zapatiste ne voudrait pas que le ballon arrache la fleur.

Comme s’il manquait encore du suspens, la fille s’est mise non pas à distance du ballon et en face du but, mais juste à côté du ballon, tournant le dos à unPedrito qui sourit déjà en imaginant les moqueries qu’il fera subir à Défense Zapatiste pour le penalty raté.

Défense Zapatiste tourne le visage vers l’endroit où se trouve l’étrange être appelé Chat-chien, qui commence à faire des bonds, tournant sur lui-même, comme une marionnette. La fille sourit et commence un mouvement qui divisera les opinions durant les prochaines décennies:

Certaines participantes du CompArte disent qu’elle a commencé avec la première position de ballet, qu’elle a levé et attrapé son pied droit, et a commencé à tourner sur elle-même, faisant le mouvement appellé «pirouette en dehors», avec des «relevés» et «passés» retournés. «C’était impeccable», ont-ellesajouté.

Le défunt SupMarcos dit que ce qu’avait exécuté Défense Zapatiste n’était rien d’autre que la Ushiro Mawashi Geri Ashi Mawatte, le mouvement d’art martial qui se réussit en se mettant dos à l’objectif et en donnant un tour de quasi 360 degrés s’achevant par un coup de pied au visage asséné avec le talon du pied.

Pour leur part, les insurgées réunies dans la cellule «En tant que femmes que nous sommes», dirent que la fleur qu’a ramassé Défense Zapatiste était la liane connue sous le nom de «Chenek Caribe», dont les fleurs ressemblent à des poussins ou des petits oiseaux et avec quoi jouaient les plus petites filles dans les communautés indigènes de la Selva Lacandona. Le «Chenek Caribe» a l’habitude de pousser dans les prés et les pâturages et est un indicateur que la terre est prête pour les semailles de maïs et de haricot.

Le SupGaleano qui, comme toujours, s’infiltre dans ces textes, dit que c’était clair que le Pedrito allait être déconcerté par ce qui est évident; que, en effet,Défense Zapatiste allait tirer en bas à gauche, mais que Pedrito a pensé à «SON» en bas et à gauche, et le tir était bel et bien en bas et à gauche, mais depuis la perspective de la petite fille.

Le Docteur Watson a dit que ce qu’a fait Défense Zapatiste était une brève imitation de la danse-méditation Sema des Derviches de l’ordre Soufi, comme il l’a vu durant son voyage en Turquie, et pendant laquelle les danseurs tournent sur eux-mêmes et se déplacent en imitant le mouvement des planètes dans le cosmos.

Le détective expert Sherlock Holmes explique que ce n’est ni l’un ni l’autre, que ce qu’a fait la fille a été d’appliquer l’explication scientifique qu’on lui a donné sur l’inertie rotationnelle d’un corps et l’application de la force centrifuge sur la sphère. «Elémentaire, mon cher Watson» a dit le détective perdu dans les montagnes du Sud-Est mexicain, «c’était clair que, dû au poids et à la stature de Défense Zapatiste, il fallait augmenter le plus possible la force avec laquelle elle se connecterait à la sphère, de façon à donner au ballon la vitesse et l’accélération nécessaires pour parcourir les 11 mètres. Bien sûr, les probabilités que le coup réussisse étaient de 50/50. C’est-à-dire que le gardien de but pouvait tout aussi bien se déplacer sur le côté opposé, ou bouger du côté où irait le ballon, l’arrêtant sans difficulté».

«Et la fleur?» demanda le Docteur Watson. «Ah», épondit Sherlock, «ça, mon cher Watson, c’est une contribution de la petite fille et je n’ai pas d’explication.Bien plus: ça m’a surpris autant que ça a l’air d’avoir surpris le garçon qui protégeait le but. Avec ce qu’elle a fait, elle a augmenté les probabilités que le gardien bougerait dans la direction où se trouvait la fleur. C’était quelque chose qui, c’est clair, n’avait rien à voir avec la science, ni avec l’art. Si vous me permettez, Docteur Watson, c’était comme si elle avait réussi à synthétiser les deux. Très intéressant, mon cher Watson, très intéressant.»

Après le vacarme, les Tercio Compas interviewèrent Pedrito. L’interrogeant sur la cause du but réussi, le Pedrito répondit laconiquement:
«C’est la faute de la fleur».

Je certifie.

Waouf-miaou.

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