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Palabra del Ejército Zapatista de Liberación Nacional

Nov222013

Mauvaises et pas si mauvaises nouvelles

Mauvaises et pas si mauvaises nouvelles

 

Novembre 2013,

Aux étudiant·e·s qui se sont inscrit·e·s ou qui veulent s’inscrire au premier niveau de la petite école zapatiste,

À qui de droit,

Compañeros, compañeras et compañeroas,

Comme il est désormais habituel, on m’a désigné pour vous annoncer les mauvaises nouvelles. Eh bien les voici.

 

Premièrement. Les comptes (et j’insiste auprès de vous pour que vous vérifiiez bien les additions, soustractions et divisions parce que les mathématiques ne sont pas mon fort — je veux dire qu’elles non plus ne sont pas mon fort)

 

A)   Dépenses du premier niveau en août 2013 pour 1 281 élèves :

       Matériel de soutien (4 livres de textes et 2 DVD) pour 1 281 élèves : 100 000 pesos.

       Alimentation pour 1 281 élèves et transport aller-retour jusqu’à la communauté où les cours ont eu lieu : 339 778,27 pesos (trois cent trente-neuf mille, sept cent soixante-dix-huit pesos et vingt-sept centimes), avec le détail suivant :

Dépenses de chaque zone pour transporter les élèves du Cideci et les déposer dans chaque village, puis les ramener au Cideci, plus l’alimentation de celles et ceux qui ont conduit les élèves :

Realidad : 64 126,00 pesos

Oventik : 46 794,00 pesos

Garrucha : 122 184,77 pesos

Morelia : 36 227,50 pesos

Roberto Barrios : 70 446,00 pesos

Total : 339 778,27 pesos

Nota bene : Moi aussi j’ai été surpris par les « 77 centimes » mais la facture que l’on m’a donnée était libellée de cette façon. Autrement dit, on n’est pas du genre à arrondir…

 

Transport de 200 gardiens et gardiennes au Cideci pour y faire cours et retour : 40 000 pesos. Leur alimentation a été assurée par les compañer@s du Cideci-Unitierra. Merci au doc’ Raymundo et à tous les compas du Cideci, en particulier à celles et ceux de la cuisine (attention : on me doit les tamales).

 

Dépenses totales des communautés zapatistes pour le cours de premier niveau en août 2013, suivi par 1 281 élèves : 479 778,27 pesos (quatre cent soixante-dix-neuf mille sept cent soixante-dix-huit pesos et vingt-sept centimes).

 

Dépense moyenne par élève : 374,53 pesos (trois cent soixante-quatorze pesos et cinquante-trois centimes)

 

B)   Recettes de la petite école zapatiste

 

Droits d’inscription : 409 955,00 pesos

En monnaie nationale : 391 721,00

En dollars : 1 160,00

En euros : 175,00

 

Recettes moyennes par élève à la rubrique des droits d’inscriptions : 320,02 pesos.

 

Deuxièmement. Résumé et conséquences :

En moyenne, chaque élève a reçu un soutien à hauteur de 54,51 pesos, grâce aux dons de la solidarité. Autrement dit, les élèves se sont soutenus les uns les autres.

Ou comme on dit, ça reste entre nous, compas. C’est parce que certains élèves ont donné plus que les cent pesos obligatoires (certains n’ont rien donné) et parce que des personnes généreuses ont fait des dons que nous avons pu tout juste nous en sortir.

À ceux qui ont versé plus qu’ils devaient et aux généreux donateurs, un grand merci du fond du cœur. Ces remerciements devraient aussi être exprimés par ceux qui n’ont pas donné les cent pesos ou qui n’ont rien donné du tout.

Mais nous savons bien qu’il est difficile de reproduire cette situation où quelques participants paient les cours à d’autres, si bien que nous nous trouvons en face des options suivantes :

a)     Nous fermons l’école.

b)    Nous réduisons le nombre d’inscrits à ce que nous, zapatistes, pouvons financer. Le sous-commandant insurgé Moisés m’indique que cela représenterait 100 inscriptions par caracol, 500 au total.

c)     On augmente le droit d’inscription et on le rend obligatoire.

 

Nous pensons qu’il ne faut pas fermer l’école car elle nous a permis de connaître des gens que nous ne connaissions pas et de nous faire connaître d’eux.

Nous pensons que si nous réduisons le nombre d’inscrits, beaucoup vont être tristes ou fâchés parce qu’ils ont déjà fait des préparatifs pour assister au cours et il ne manquerait plus qu’on ne les admette pas… Surtout maintenant qu’ils savent que l’essence du cours se trouve dans les communautés et auprès des gardien·ne·s. Et comme c’est à moi qu’il reviendrait d’annoncer la nouvelle, j’en frémis d’avance…

Il ne reste donc plus qu’à demander le paiement du transport et de l’alimentation. Nous savons que cela va gêner certains et pourrait en obliger d’autres à annuler leur participation. C’est pourquoi nous vous prévenons à l’avance, pour que vous réfléchissiez à la façon de compléter vos droits d’inscription et ceux de vos compas qui veulent et peuvent participer mais n’en ont pas les moyens.

Le coût sera alors de 380,00 pesos (trois cent quatre-vingts pesos) par étudiant et le paiement devra être effectué au moment de l’inscription au Cideci, aux jours indiqués. Si en plus vous voulez apporter un kilo de haricots et un de riz, vous en serez remerciés.

S’il vous plaît, nous vous prions, nous vous supplions, nous vous implorons de bien préciser avec qui vous venez, combien de personnes et de quel âge, car nous recevons du courrier où l’on nous écrit : « je viens avec mes enfants », et quand ils sont là, oublie le casting de The Walking Dead ! Tous les participants doivent s’inscrire avant, qu’ils soient enfants, adultes, plus mûrs encore, morts vivants…

Et précisez les dates de votre participation. Il y a deux dates pour le moment : une à la fin décembre, l’autre au début janvier. Il est important de connaître la date de votre participation, car, comme vous le savez, il y a une famille indigène qui se prépare à vous recevoir et à s’occuper de vous, un gardien ou une gardienne qui se prépare à vous guider, un chauffeur ou une chauffeuse qui prépare son véhicule pour vous transporter, un village entier qui vous recevra. Et précisez aussi si vous venez dans une communauté ou si vous suivrez le cours au Cideci de San Cristóbal de Las Casas, Chiapas.

Ah, et venez pour écouter et pour apprendre, car il y en a qui sont venus pour dicter des cours de féminisme, de végétarianisme, de marxisme et autres mots en « isme ». Et qui sont maintenant fâchés avec les zapatistes parce que nous ne suivons pas leur enseignement : il faudrait que nous changions la loi révolutionnaire des femmes dans le sens qu’ils nous ont indiqué et non selon les décisions des zapatistes ; nous aurions le tort de ne pas comprendre les avantages de la marihuana ; nous ne devrions pas faire des maisons en ciment parce que c’est mieux de les faire en paille et terre cuite, et il vaut mieux ne pas mettre de chaussures parce que, en marchant pieds nus, on est davantage en contact avec notre terre-mère. Il faudrait donc que nous obéissions aux ordres que l’on vient nous donner… autrement dit, que nous ne soyons plus zapatistes !

 

Cas spéciaux : les anarchistes

Au vu de la campagne anti-anarchisme menée par les bonnes consciences et la gauche bien-pensante, unies dans une sainte croisade avec la droite éternelle pour accuser les jeunes et vieux anarchistes de défier le système (comme si les anarchistes pouvaient suivre une autre voie !), en plus de bouleverser leurs représentations du monde (on éteint les lumières pour ne pas voir les anarchistes ?), croisade poussée jusqu’aux limites du délire avec des qualificatifs tels que « anarcho-faucons », « anarcho-provocateurs », « anarcho-casseurs », anarcho-etcetera » (j’ai même lu quelque part : « anarcho-anarchiste », n’est-ce pas sublime ?), les zapatistes, nous les zapatistes, ne pouvons méconnaître le climat d’hystérie qui, de façon aussi ferme, demande et exige que l’on respecte les vitrines (qui ne montrent pas et qui occultent ce qui se passe derrière le comptoir : des conditions de travail dignes de l’esclavage, aucune hygiène, mauvaise qualité, alimentation défectueuse, blanchiment d’argent, fraude fiscale, fuite des capitaux).

Toutes les escroqueries qui se dissimulent (mal) sous le vocable de « réformes structurelles », la spoliation du monde enseignant, la vente outlet des biens nationaux, le vol perpétré par le gouvernement contre les administrés à travers les impôts, l’asphyxie budgétaire (qui ne favorise que les grands monopoles), tout cela serait la faute des anarchistes !

Les gens bien ne vont plus protester dans la rue (écoutez, il y a encore des manifestations, des sit-in, des blocus, des tracts — Oui, mais il s’agit de profs-chauffeurs-vendeurs-ambulants-étudiants, c’est-à-dire de ploucs de province, et moi je parle des gens vraiment bien du District fédéral — ah, la mythique classe moyenne, si courtisée et en même temps si méprisée et trompée par tout le spectre médiatique et politique), la gauche institutionnelle elle aussi déserte les espaces de manifestation, « le seul opposant au régime » a été relégué au second plan par les sans-nom, l’imposition arbitraire est maintenant appelée « dialogue et négociation », l’assassinat des migrants, des femmes, des jeunes, des travailleurs, des enfants : tout cela est la faute des anarchistes.

À ceux qui militent et se réclament de la « A », drapeau sans nation ni frontières, et qui font partie de la Sexta mais qui militent vraiment et n’en font pas une mode vestimentaire, à ceux-là, en plus d’une accolade de compañero, nous adressons une demande particulière :

Camarades anarchistes, nous les zapatistes, nous ne mettrons pas nos insuffisances sur votre compte (y compris le manque d’imagination), et nous ne vous rendrons pas responsables de nos erreurs, et entendons encore moins vous reprocher d’être ce que vous êtes. Je vais même vous rapporter que plusieurs personnes invitées en août ont annulé leur venue parce que, ont-elles dit, elles ne pouvaient pas se trouver dans la même salle de cours que « de jeunes anarchistes punks, avec des piercings et des tatouages », et qu’elles attendaient de nous (ces personnes qui ne sont ni jeunes, ni anarchistes, ni punks avec des piercings et des tatouages) que nous nous excusions et que nous épurions notre registre d’inscriptions. Ils peuvent toujours attendre…

Je souhaite vous demander qu’au moment de vous inscrire, vous nous donniez un texte, pas plus d’un feuillet, où vous répondrez aux critiques et accusations formulées contre vous. Ce texte sera publié dans une rubrique spéciale de notre page web (enlacezapatista.ezln.org.mx) et dans un fanzine qui paraîtra bientôt dans le monde mondialement mondial, dirigé et écrit par des indigènes zapatistes. Nous serions très honorés de publier, dans le premier numéro, votre message à côté du nôtre.

Eh ?

Oui, oui, cela peut être une feuille avec un seul mot couvrant tout l’espace, quelque chose comme : « ILS MENTENT ! » Ou quelque chose d’un peu plus long comme : « Je vous expliquerais ce qu’est l’anarchisme si je pensais que vous le comprendriez », ou « L’anarchisme est incompréhensible pour les nains de la pensée » ; ou encore : « Les transformations réelles apparaissent d’abord dans la rubrique des faits divers » ; ou bien : « Je chie sur la police de la pensée », ou la citation suivante extraite du livre Golpes y Contragolpes (Coups et contrecoups) de Miguel Amoros : « Tout le monde devrait savoir que le black bloc n’est pas une organisation mais une tactique de combat de rue semblable à la “kale borroka” [« combat de rue » en basque, terme popularisé par les jeunes de Herri Batasuna, NdT.], qu’un grand nombre de groupes libertaires, “autonomes” ou alternatifs ont développé depuis les luttes des squats durant les années quatre-vingt dans plusieurs villes allemandes », et vous pourrez ajouter quelque chose du genre : « Avant de critiquer, faites une enquête sérieuse. L’ignorance bien rédigée est comme une idiotie bien prononcée : de la même inutilité. »

Bon, je suis sûr que vous ne manquerez pas d’idées.

 

Troisièmement. Une pas si mauvaise nouvelle : je vous rappelle les dates et la façon de demander votre invitation et votre inscription.

Date de la deuxième session de l’école :

Inscriptions les 23 et 24 décembre 2013.

Cours du 25 au 29 décembre, sortie le 30.

Et reste qui veut pour la fête du vingtième anniversaire du soulèvement zapatiste, pour festoyer et célébrer l’aube du 1er janvier 1994, avec une fête le 31 décembre et le 1er janvier.

Dates de la troisième session de la petite école :

Inscriptions les 1er et 2 janvier 2014.

Cours du 3 au 7 janvier 2014.

Sortie le 8 janvier, chacun retournant de son côté.

Pour demander votre invitation et votre inscription, écrivez à :

 

escuelitazapDicEne13_14@ezln.org.mx

 

Quatrièmement. Une autre nouvelle pas si mauvaise est que j’étais censé ouvrir cette étape avec un texte complètement différent qui saluerait nos mort·e·s, le SubPedro, Tata Juan Chávez, la Chapis, les enfants de la garderie ABC, les enseignants en résistance, texte accompagné d’un conte de Durito et du Chat-Chien. Mais comme on m’a dit qu’il y avait urgence avec les comptes et la confirmation des dates, ce sera pour une autre fois. C’est clair : ce qui est urgent ne laisse pas de temps à ce qui est important. De telle sorte que vous avez échappé à la lecture de choses qui ne sont pas « de la plus haute importance dans la conjoncture actuelle »… enfin pour le moment.

Voilà. Salut, et croyez moi ou pas, le monde est plus grand que le titre de presse le plus scandaleux. Il suffit d’élargir le pas, le regard, l’écoute… et l’abrazo.

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,

le SupMarcos,

concierge de la petite école,

chargé de donner les mauvaises nouvelles.

Mexique, novembre 2013

 

 

Kenny Arkana et ce rap intitulé V pour Vérités. À un moment il dit : « Bénis soient ceux qui s’interposent, ceux qui construisent autre chose. »

 

 

Un extrait du film V pour Vendetta sur la relation entre la peur et l’obéissance, et une autre façon de comprendre les mots « justice » et « liberté ».

Pedro Infante interprétant la chanson Yo soy quien soy [Je suis comme je suis], de Manuel Esperon et Felipe Bermejo, extraite du film La Tercera Palabra [Le Troisième Mot] avec Marga Lopez, Sara Garcia et Prudencia Grifell, 1955, mise en scène de Julian Soler. Je le mets juste pour emmerder ceux qui voudraient nous transformer selon leurs goûts et manières.

 

 

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Traduit par Orlando Sierra.

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